lundi 25 juillet 2011

Lettre ouverte à Google +.




Cher Google +,


                    Avant même que tu ne naisses, j'étais déjà une fervente adepte de tes parents. Les invitations Gmail avaient à l'époque excité ma convoitise au plus haut point, et quand Blogger a jailli des limbes de Google, je m'y suis précipitée, séduite par ce fallacieux et démagogique argument de log-in: "cessons de délocaliser". De changer de nom d'utilisateur et de mot de passe pour chaque site, de devoir répéter cette si épuisante rengaine qu'est "déconnecter - bonjour, êtes-vous déjà inscrit? oui-non". En fait, ça donne un peu l'impression d'être bien au chaud à s'baraque, chaque petit animal dans son panier, tout est bien rangé. C'était rassurant, ça me donnait le sentiment d'être entourée, d'appartenir, plus qu'à une entité, à communauté, avec son identité propre. Même si la démarche s'est arrêtée à mon salon hein. C'était un peu le mondialisme mais en moins éthiquement dérangeant, car pour l'instant on ne délocalise pas le tissage des flux de kilooctets dans des usines asiatiques. Aujourd'hui, on a encore plus sentiment d'appartenir à une tribu : si l'un des outils plante (par exemple Gmail), pas de problème, maintenant on se chope sur toi, Google +. Tu nous proposes en fait un concept totalement inédit, si on n'est pas trop regardants: un avatar, une section infos et une section photos. Et bien sûr, DM (direct message pour faire la twittos), live chat (d'ailleurs, Google +, tu as tellement fait de mal à Mark qu'il a décidé de bousiller celui de Facebook) et autres petites gâteries 3.0. telles la visioconférence et le si exotique "like".
Ne mentons pas, j'ai aimé cette symbiose, cette harmonie des outils communicationnels. Comme un mode de vie et pas comme une mode tout court. Pas comme on a aimé les Buffalos en 99 pour se rendre compte des années plus tard qu'on aurait mieux fait de rester aux Palladiums. Non. C'est  bien un mode de vie pour moi, car je crois en la communication multifonctionnelle, multidirectionnelle et d'autres mots en poly- qui font bien (et en la licorne rose invisible aussi mais ça c'est autre chose).

Le revers de toutes ces paillettes est ma foi le plus simple et évident des vices de l'interdépendance : une trop grande interdépendance. Faisant fi de cet adage par trop poussiéreux, docilement, j'ai donc uploadé sur toi un album regroupant les photos de mon blog. Fort bien me dis-je, mais il y en a quelques-unes (beaucoup) que bof. Je m'empressai donc de les effacer, et quelle ne fut pas ma surprise, à l'ouverture de mon blog, de constater que ces images ne se sont pas contentées de s'éclipser de cet album, mais également de mon blog. Dans la mesure où il s'agit de ma 6e année de bloggage, et donc d'entassage de photos, je crois que tu peux, cher Google +, comprendre mon désarroi et mon envie de dire "fffFFFFuuuUUU".
Et pourtant je ne t'en veux pas.
Je saisis ta logique d'interconnexion, tu vois. Mais, comme avec le minitel, l'EyeToy ou le ping pong à jouer sur sa télé dans les 70's : l'humanité n'est pas prête. Alors s'il te plaît, ne nous fais pas prononcer cette sentence de hipster blasé "c'est bien mais ça sert à rien",  car on sait tous que tu peux faire mieux que ça. Et n'oublie pas que même si je suis restée polie, il y en a quelques-uns qui se foutent déjà bien de toi

En espérant que tu ne nous oublieras pas, nous, les utilisateurs lambdas.

Johanna


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