mardi 12 juin 2007

So, this is Christmas.






















J'ai pas faim.


Vous allez me dire que ce n'est pas grave, qu'en tant que fille relativement jeune je devrais être contente d'être débarassée de ces putains d'images résiduelles de schtroumphs en gomme grasse et bizarrement bleue pâle et autres cauchemars artériels, mais non, je n'en suis pas satisfaite.
Mais là n'est pas la question.
D'ailleurs je n'ai jamais vraiment su où elle était.

Par contre, j'aurais préféré avoir le don de savoir où sont les objets qu'on perd, qu'on délaisse, qu'on abandonne par mégarde au fil du temps.
Ca me hante.
Ca m'a toujours hantée.

Du bic à paillettes perdu DANS le canapé quand j'avais 8 ans aux pièces d'identité en tout genre et bijoux à la con, je n'ai jamais rien retrouvé. Est-ce plutôt une façon de me semer aux 4 vents, à toute époque, histoire de perdurer à travers une série d'objets inutiles et peu encombrants? Encore une bête question, mais tout de même, je donnerais n'importe quoi pour les retrouver et leur demander ce qu'ils ont vu pendant que j'avais la tête et le corps ailleurs.

"Ca me hante".

Parce que j'essaye de me transporter dans l'espace ou du moins en hauteur, et d'imaginer où sont ces choses.
Et c'est là que je les vois se foutre de moi en une ritournelle exaspérante et entêtante : "Bien fait pour ta gueule".


J'ai toujours eu un don pour me perdre, me faire oublier quelque part et rester sans bouger dans un coin. A ne pas attendre. Juste à rester là, à me fondre dans le décor tel un caméléon BASF et à ne profiter de rien vu qu'il n'y a rien de profitable. Toujours un laps de temps en dehors de la réalité, toujours trop court malheureusement...


"Pardon, je ne t'avais pas vue"
"Merde, je t'avais oubliée!"
"Tu es toujours là toi??"


Et j'en passe et des pires.

Il paraît qu'on mesure la valeur d'une chose une fois qu'on l'a perdue.
On ne m'a jamais vraiment perdue, donc on ne m'a jamais vraiment retrouvée et a fortiori évaluée. Un peu de tout, beaucoup de rien.

C'est pour ça que je n'ai pas faim. Que j'ai la gorge nouée et des gouttes de brume à fleur de cils : le vide est proche et bien réel. Le vide a une odeur et elle m'écoeure.

En mettant les pieds là-bas j'ai su que je faisais une erreur : j'allais m'y retrouver alors que je n'avais jamais vraiment rien perdu. Mais tout à y perdre.

Et là, tout y est passé : la tête, les pédales et toutes les expressions consacrées à ce genre de désagrément.

Seulement cette fois-ci, il va vraiment falloir reconstituer le puzzle et retrouver chaque fragment utile au milieu d'un tas de crasses.


J'ai comme un doute.
Et lui au moins, pas de risque de le perdre.





Photo : une bien belle dinde en beurre.