lundi 14 décembre 2009

You're back in the game again.
















Little piece by little piece,
I trap you down on your knees.
Channel Zero - Call on me




Il y a bien longtemps, ma mère aimait, suite à un conflit père/fille vieux de 30 ans non-résolu, me dire "bon maintenant y'a rire et rire" parce que ... parce que quoi finalement? Aucune idée, vu que je n'avais absolument rien fait qui mérite une telle sentence. Une question d'affirmer son autorité sans raison ou de surpasser en intensité les crises de colère de son père, on n'a toujours pas décidé. Alors évidemment je me marrais, et si j'avais pu j'aurais dit "WTF?", mais à cette époque j'en étais plutôt à Snow* et aux Tiny Toons. A ce propos, quand je pose un genou de jeans déchiré à terre pour relacer mes Dr Martens en fredonnant I must have died alone... a long, long time ago**, et ben je me dis que les 90's c'était quand même foutrement plus rigolo que maintenant.

Bref. On en était à "il y a rire et rire".

Il y a aussi eu le jour où j'ai vu à la télé une dominatrice dire "y'a vomi et vomi" mais je n'en ai pas tenu compte plus que ça.

Bref, encore.

Bien des années après, j'ai donc compris où ma mère voulait en venir. Plus que la fameuse opposition quantité-qualité, il y a des degrés de qualité à définir. C'est plus que subjectif, ça dépend de tellement de paramètres que c'est un peu impossible à vraiment intégrer. Tout est fonction de la personne, du contexte, du moment, du temps, des hormones.
Toutes ces conditions à ne pas forcément réunir, tout ce tissu de complexité... Ce doit être pour ça que j'ai choisi d'écrire une petite tranche là-dessus, en énonçant une autre fausse vérité : il y a attendre et attendre. Parce que celle-là, je l'ai vécue sous pas mal de formes, donc j'espère avoir le droit d'en parler un peu.

Il y a attendre St-Nicolas, et attendre les résultats d'une biopsie en se rongeant mentalement le sternum et en essayant de se dire que le pire est ailleurs.

Il y a attendre, très lassablement, dans la file au supermarché, et attendre presque avec trop de ferveur que les fossoyeurs déposent le cercueil au fond de la tombe, pour que les autres vies fassent semblant de reprendre un cours normal.

Il y a attendre un coup de téléphone, le cœur entre les canines, et attendre, des larmes plein la gorge, que l'autre arrête.

On passe un peu notre vie à attendre, parfois en bien, parfois pas. Au final, je crois qu'on attend toujours quelque chose. On a beau dire qu'on n'attend plus rien de la vie, ça restera totalement faux. Que ce soit d'une situation ou de gens, notre imagination déforme toujours le futur, parce qu'on ne peut s'empêcher de s'attendre à quelque chose, d'essayer de se préparer au meilleur, quelques fois à tort...



* a licky boom boom down.
** Nirvana - The man who sold the world

jeudi 19 novembre 2009

These walls are paper-thin.



Est-ce que c'est novembre, ou bien?



Admettons-le, entre nous ça avait plutôt bien commencé.

Je ne me lassais pas de t'observer quand tu cuisinais... Tu me laissais peser tout ce qu'il était possible de porter à 4 ans et tu m'avais appris à guetter ce moment où le beurre prend une teinte de noisette, dans le petit poêlon en cuivre. On a dû faire des centaines de gâteaux et des montagnes de crêpes...tu avais une astuce ou un conseil pour chaque recette. Le jour où je t'ai vu, des heures durant, sécher des rondelles de pommes de terre quasi transparentes pour en faire des chips, j'ai compris ce qu'était la patience et l'amour de la cuisine. Petit à petit, ton enthousiasme m'a gagnée, on passait des heures ensemble à la lueur de ce néon sinistre, à pétrir, faire dorer ou surveiller la cuisson de ce qu'on mijotait, sans vraiment discuter mais sans se taire non plus. Dans ces moments-là, tu répondais gentiment à mes questions, absorbé que tu étais dans ce que tu appelais alors ta passion.

Mais une fois hors de la cuisine, les choses se gâtaient. Je redevenais la petite chose débarquée après les deux autres. Trop grosse, trop lourde, trop empotée. Pourquoi s'intéresser à ce que je faisais, vu que les autres l'avaient déjà fait des années avant moi? Et mieux, tout le monde était bien d'accord là-dessus.
Tu nous comparais sans cesse, j'en ressortais blessée et diminuée. Ça ne s'est d'ailleurs pas amélioré en grandissant.
Tu n'avais plus la patience d'expliquer pour la troisième fois les mêmes théorèmes, les mêmes formules géométriques. Tu n'avais plus la force de faire semblant de t'émerveiller devant un enfant qui lit correctement pour la première fois. Je te dois probablement une certaine volonté de me démerder seule, et à le vouloir très fort, même si c'est voué à l'échec. Par peur de déranger, probablement.

En fait, je ne connais de toi que des listes d'ingrédients et des noms de plats. On n'a jamais parlé de quoique ce soit d'autre, de quoique ce soit de réel, et mon dieu si tu savais ce que j'en avais besoin... Tes mots étaient durs, à l'égard de tous. Les années nous ont fait comprendre que la douleur et la maladie y étaient pour beaucoup, mais tu ne pouvais pas te cacher uniquement derrière ces affreux remparts. Il devait y avoir autre chose, mais quoi?
Les kilomètres et les visites se sont espacés, ça valait mieux... même si les reproches et les piques n'ont pour autant rien perdu en vigueur et acidité.


Et puis un jour, tu as trouvé que tu étais trop fatigué.

Ce jour-là, je m'y étais faussement préparée, croyant que les comptes avaient déjà été bouclés. Mais en me retournant j'ai essuyé une déferlante glaciale de points d'interrogations. Ils se sont incrustés dans ma peau, pour lentement m'écorcher. Aujourd'hui encore, les lapsus sont fréquents et la confusion entre "est" et "était" me prend quelques fois par surprise.

J'ai mis des années à comprendre, à admettre où tu voulais en venir et à ne plus suffoquer dès qu'on parlait de toi.

Mais aujourd'hui, ça va mieux.

Ça va d'ailleurs tellement mieux qu'hier j'ai rêvé de toi. En me réveillant, mes yeux ont innocemment erré quelques secondes dans la pièce, encore confiants de ce qu'ils venaient d'apercevoir. Puis mon regard s'est figé.
Alors j'ai serré les paupières et les lèvres de toutes mes forces, en écoutant mon sternum hurler...



mardi 1 septembre 2009

Too messed up to even mess around.

















Thinkin' bout' tomorrow won't change
The way I feel today.
Matt & Kim - Lessons Learned




Et là c'est un peu comme essayer d'augmenter le volume d'un iPod tout en gardant ses gants : ça ne veut pas. Ça patine dans le vague, les yeux perdus dans l'horizon du trottoir, les points d'interrogation qui s'enchevêtrent, le menton enfoncé dans des couches d'incertitude. Et quand c'est comme ça, ça me lasse.

Alors au lieu de continuer à me lasser tel un 8 couché, j'ai dû trouver un exutoire. Pour chasser le froid en bougeant, en réactivant la circulation et en détournant le regard.

D'abord j'ai pensé à l'écriture mais ça ne fonctionne que par intermittence.
Parfois ça me soigne, temporairement mais ça soulage quand même. Comme une couche de Biafine qui fond bien sur l'épiderme après un gros coup de soleil. Mais qui laisse juste du gras après. Et puis surtout, soyons honnêtes, un truc qui caractérise les vrais écrivains, c'est la régularité et la promptitude à se mettre au boulot pour pondre un truc avec enthousiasme. Donc là, ça coince. C'est aussi beaucoup de remise en question et de crainte de jugement...finalement, où va la détente?
Sans oublier que parfois, les mots m'enfoncent davantage et ça ne soigne plus rien, comme de l'acide jeté sur une plaie qui se creuse petit à petit. Et gentiment, on vire à l'emo.

La lecture? Pareil hein. Les livres me font le même effet que le côté éphémère de l'écriture, mais en décuplé. C'est juste un monde qui se crée l'espace de quelques heures, le monde de quelqu'un d'autre, puis qui s'efface lentement, ne laissant qu'une brume et une vague migraine derrière lui, à force d'avoir lu 5h d'affilée sans décoller. Toujours la même opposition sauvetage/noyade, donc.

La musique... Alors là, j'aurais bien aimé. Mais la vie a fait que non, l'envie (ou plutôt la prise de conscience) n'est venue que trop tard. Et puis mes doigts m'auraient dit merde, mais ça c'est encore autre chose.

Donc il a fallu improviser et trouver quelque chose de faisable, pas trop dévalorisant et qui prend tellement la tête en positif qu'on ne pense plus à rien, juste à bien faire. Histoire de passer à autre chose, un peu comme quand un ami vous déçoit.

Alors à force de toucher à tout sans vraiment m'attacher à quoique ce soit, j'ai fini par trouver, sans vraiment m'en rendre compte, quelque chose qui est devenu une passion, l'air de rien. Qui a pris énormément de place dans ma vie, et dans la maison. Ce truc pas extraordinaire, c'est la cuisine. Quand je fais péter les casseroles et la collection d'épices, une cuillère par-ci, une pincée par-là, plus rien d'autre n'existe. Tout n'est plus que cuisson, marinade, vapeur, assaisonnement.

Mes pensées se perdent dans le malaxage, le découpage, le pliage, le rôtissage.
Les heures s'enchaînent discrètement, dans le râpage, le glaçage, le mixage, l'émondage.
Une fois le produit fini déposé sur le plan de travail, je n'ai presque plus envie de me poser de questions, ma tête est plus légère et mes yeux arrivent à se poser sur les choses avec plus de stabilité.

C'était ça le but.


vendredi 29 mai 2009

Take only what you need from me.









Where do we go from here?
The words are coming out all weird.
Radiohead - The Bends





Tiens, ça va faire 10 ans.

10 ans que ma vie, que les gens, que le monde, que.
10 ans que tu es là et que tu me prends tout, même ce dont je ne soupçonnais pas avoir envie un jour.
10 ans que tu m'empêches de prononcer ces 3 mots.

Et pourtant, je ne m'y habitue pas. Parce que tu as le don de jouer avec moi, de revenir quand je ne m'y attends pas, et de tout ruiner. De lacérer le patchwork de semblant de vie que j'avais patiemment cousu, un peu plus chaque soir, en m'épuisant à rêver éveillée.
Mais rien à faire, j'aurais dû comprendre depuis longtemps ce que tu essaies de me dire mais je ne m'y résous pas. Tes sautes d'humeur sont pires que celles d'un borderline. Si seulement tu pouvais t'en tenir à ça...

Parfois je te tiens tête, et je relève le menton en crânant. Ça dure en général une journée, grand maximum. Le regard en coin, un bout de lèvre mordillé, les poings qui se serrent et l'estomac qui se tord : pas de doute tu es là, plus que dans la pièce, plus que dans l'air. Surtout le soir, quand il n'y a plus personne autour de moi pour croire que tu n'existes pas et pour m'en convaincre par la même occasion.

Là, tu sais que j'ai envie d'abdiquer et de les prononcer, ces trois mots.

Et pourtant non, ou presque : je ne sais pas ce qui me retient. Alors je trouve des synonymes et des métaphores à deux balles, pour éviter de t'appeler et de t'inviter à donner ton avis. J'ai appris à te tutoyer, alors que j'ai l'impression de ne connaître que quelques-uns de tes visages. Je ne suis pas pressée de connaître les autres, ils se manifesteront d'eux-mêmes bien assez tôt. Encore une de tes méthodes d'apprentissage qui me laissent par terre, sans voix, sans larmes.

Parfois, j'abdique et baisse la tête. Mes poings se déserrent et je te demande pardon. Comme si tu ne savais pas que je n'avais rien fait, comme si ça allait te faire changer d'avis et précipiter ton départ.
Mais tu ne t'en iras pas. Ils l'ont tous dit.

J'essaie de refaire la ligne chronologique de ces 10 dernières années, de voir à quel moment j'aurais dû parler pour te décider à t'en aller, au moins une fois de temps en temps. De voir à quel moment j'ai été si vulnérable, à quel moment tu as pu me cueillir comme un rapace.
A 15 ans, rien ne me préparait à te voir débarquer dans ma vie, à me faire plâtrer, enserrer dans des bandelettes brûlantes et à regarder par terre, assourdie par le rire de ceux qui sont désormais "les autres", "ceux qui" ou "ceux qui n'ont pas", selon le contexte. Parce que ça, c'est ta plus belle victoire : le clivage de mon existence en deux parties bien distinctes, bien hétérogènes. Une contradiction, une confrontation permanente entre deux pôles qui ne se rejoindront bien sûr jamais.

Et ce n'était qu'un début. Et ce n'est qu'un début.

Toujours ces trois mots qui ne viennent quasi jamais sans honte.

Grâce à toi, je ne sais plus ce que ça fait de se réveiller sans chuter. Sans avoir l'espoir que tout ça n'était qu'un cauchemar et que tu pourris désormais la vie de quelqu'un d'autre, même si c'est mal.
Grâce à toi, j'ai deux options : mentir ou craquer.

"C'est injuste", n'a même plus de sens, puisque tu n'as pas de conscience, il a bien fallu l'admettre.


10 ans que je doute.
10 ans que demain ne signifie plus rien.
10 ans que j'ai envie de le dire, juste une fois sans culpabiliser...


J'ai mal.


lundi 25 mai 2009

Off to never never land.

















Well uh-uh baby I ain't got no plan.
We'll float on maybe would you understand?
Modest Mouse - The World at Large




En ce moment les conversations qui m'entourent se résument le plus souvent à :
- Taaaaaain je connais pas ça!
- Non mais c'est pas grave il posera pas.


Il en allait donc de ma survie la plus élémentaire de me dégager de ce marasme universitaire afin de conserver ce qui me reste de dignité. L'issue la plus évidente a bien sûr été celle de la prise de tête de niveau supérieur. Et forcément inutile.


Un jour, dans mon autre vie à l'Ephec, un mec est venu nous parler de sa boîte complètement up-to-date et over win-win, et il a dit "outsourcer, c'est la clé". Bon sur le moment j'ai pas trop intégré, mais vu qu'il avait un mini-pc Sony et qu'à ce moment-là (2004), ça coûtait 2500€, je me suis dit :

1) soit il dit vrai
2) soit il dit des conneries, mais avec classe et technologie.

Au final, je crois que c'était un peu des deux.

Bref, je songe à ça parce que récemment, mon attention s'est tournée vers la restructuration personnelle et donc, entre autres, physiologique. J'ai donc brainstormé en unilatéral et en ai déduit que le premier step serait dédié à l'outsourcing lacrymal.

Outsourcing : transfert de tout ou partie d'une fonction d'une organisation (entreprise ou administration) vers un partenaire externe. Consiste très souvent en la sous-traitance des activités jugées non-essentielles et non-stratégiques.*

Étant donné que faire chialer quelqu'un d'autre pour soi, c'est un peu rude, j'ai adapté la définition aux circonstances.
Il s'agira donc de diviser un point de tension important en plus petites parts, pour ensuite éliminer les moins stratégiques et donc améliorer le fonctionnement de la chaîne de production. En gros, ne pas pleurer pour un gros truc mais pour plusieurs moindres.

Avant, j'emmagasinais et je déversais tout sur un seul concept. Grossière erreur. Maintenant, je pratique le JIT (Just In Time) : chaque événement reçoit sa dose en temps et en heure, sur simple demande, au fur et à mesure. Exemple : au lieu de larmoyer sa race sur la conception globale de la vie en tant qu'illusion (ce qui est totalement 2008, on est bien d'accord), il faut partitionner en plusieurs unités indépendantes mais concordantes sur l'objectif. Exemple : un examen raté, un doigt coincé entre la porte ET la porte du frigo, et hop, un déversage moindre, occasionnant ainsi un taux de roulement des nerfs bien plus efficient sur le long terme ainsi qu'un amortissement moins violent et moins coûteux moralement. On peut donc maintenir le capital nerveux plus longtemps et plus stablement et ainsi investir dans des blue chips de combat, telles que celles du stress ou de la motivation à court terme.

Par contre Faith Popcorn n'a pas encore trouvé de tendance pour ça.

J'avais oublié à quel point le marketing était faussement malléable.


* Wiki, my dear Wiki.

samedi 23 mai 2009

I'm not sick but I'm not well.






















All the bad names gone
And the good ones were all wrong.
Matt & Kim - Lessons Learned




C'est pas un manque d'envie, juste un manque de temps. Ou peut-être d'envie, quand même. Je m'y perds un peu.


En ce moment, pour remplacer Tia Hellebaut qui applaudit ses pizzas 2 fois avant et 2 fois après le journal, on peut se régaler d'une somptueuse pub pour Vanish. D'ailleurs maintenant que j'y pense la comparaison se tient et le motif se répète, vu que le gosse payé plus cher pour 30 secondes que moi pour un job d'étudiant qui crève et qui lasse, donc ce sale mioche laisse tomber une pizza sur son joli pantalon Bonpoint qui a coûté un bras. Juste parce qu'il voulait impressionner son pote.

Et même qu'en plus il est mal doublé, ça au moins c'est un critère objectif.

Sa mère, au lieu de l'alpaguer directement et de lui dire "ramasse et va manger dans la niche du chien", elle panique et elle fait appel à VANISH. Qui apparait sous les traits d'une sympathique milf, tout de rose vêtue, forcément.

Déjà "Vanish", je ne suis pas pour comme choix sémantique. Ça sonne aussi bien que "Cillit Bang" et puis ça ressemble à "caniche". Et les mots en -iche, pardon mais en général c'est pas les meilleurs donc la connotation affective on oublie.

En plus sa pizza avait l'air super bonne, avec de la roquette et tout dessus, et quand on tourne aux pâtes sauce rien* pendant 3 mois, ça a son importance, permettez-moi de vous dire. Je ne veux même pas imaginer le nombre de pizzas de tarés qu'ils ont du balancer à chaque prise, histoire qu'elle fasse une belle fractale en tombant sur les genoux du gamin. Si ça avait été des macarons, je crois que j'aurais porté plainte.

Mais c'est assez marrant de voir à quel point la mère joue mal le désarroi. En même temps, une mère en plein burnout parce que la chair de sa chair a dégommé son petit pantalon BEIGE avec un truc à 60% de matière grasse, je ne sais pas trop à quoi ça ressemble dans la vraie vie.

La mienne ne crisait jamais.
Pour ça.

Parce que vu que j'avais pas d'amis et que je passais mon temps dans les bouquins dès l'âge de 6 ans, elle n'a pas eu la chance de développer ses talents de tragédienne ménagère. Au pire j'avais les doigts un peu noirs à cause de l'encre, mais bon rien qui ne nécessitait d'appeler le 112 et de demander à parler à Vanish.

Au début, les bêtes histoires s'enchaînaient... mais la collection Folio Jeunesse et Judy Bloom, ça ne dure qu'un temps.

A 12 ans je me doutais déjà que Paul-Loup n'écrivait pas ses livres tout seul, et que même que ça sentait parce que dans "Hannah" et "L'impératrice", on ne retrouvait pas le même style.
J'ai aussi pleuré pour Gervaise et Nana qui finissent quand même pas top, belle famille. Pour Denise pas vu qu'elle ramasse le pactole à la fin. Et j'ai souffert par empathie pour la petite Lalie qui se fait battre à mort par son père et qui élève son petit frère toute seule.
Ça c'était avant de relativiser en lisant "J'avais 12 ans" de Nathalie Schweighoffer, qui elle est malheureusement bien réelle et d'un point de vue égocentrique, plus contemporaine.
Faisons également l'impasse sur les heures de cauchemars occasionnés par la lecture en boucle de "Ça", "Jessie" ou encore "Shining". Depuis, les bouches d'égout et les buissons en forme d'animaux sont un obstacle à mon épanouissement.

Ce qui fait qu'à 16 ans, quand le prof nous demandait de choisir dans une liste un Zola ou un Balzac, pas de bol, je les avais lus. Ne voulant pas faire décroître ma semi-cote de popularité fraîchement acquise, je n'osais pas le dire. A la place je résumais le bouquin aux autres, ce qui leur assurait parfois (pour ne pas dire souvent) une note meilleure que la mienne.

La vie est ainsi faite.

Pour en revenir à la pub Vanish, il y a quand même une vengeance : à la fin de ces 30 secondes de bonheur, on peut inscrire son rejeton à un concours afin qu'il devienne "Petit roi des taches".
Si ça ça ne vaut pas au gagnant 5 ans de thérapie à l'adolescence, je ne réponds plus de rien.


* merci Gilles!

mardi 5 mai 2009

Nothing till the weekend.


















Jealousy, turning saints into the sea,
Turning through sick lullabies.
The Killers - Mr Brightside




Ces derniers temps, les heures clignotent, défilent, mais en mal, parce que j'ai le loisir de pouvoir les compter dans le noir.
Ça brûle, ça n'a plus de sens, ça emmêle tout ce qui est friable et ça casse ce qui était emberlificoté, bien noué, bien serré. Un voyage dans tout ce à quoi on ne voulait plus jamais penser, tout ce qu'on ne voulait plus ne fut-ce qu'effleurer. Juste par plaisir.

Le sommeil reste malgré tout un jeu, et ça c'est plus que péjoratif.

Ce que j'aime avec les insomnies, c'est que l'on peut atteindre une dimension parallèle sans trop d'efforts.
Ce que j'aime moins avec les insomnies, c'est que le sol frise tellement qu'on dirait qu'il va atteindre le point de rupture*.

Et pendant ce temps-là, on me chante que "God is an excuse" et ça me fait sourire.

Mais bon, l'hypersomnie n'est pas une sinécure** non plus. Au réveil, tout semble être englobé dans une atmosphère précédant l'orage. Tout est gras, lourd et visqueux, les fins de rêves restent entortillées presque de manière obscène avec le réel, l'esprit croule souls le poids de la lenteur occasionnée par une trop longue cessation d'activité.
Et c'est encore pire si les rêves en question étaient trop agités, marathoniens à l'excès. L'impression d'une quête inachevée, d'une poitrine qui se crispe tout en restant inerte.

Le rythme cardiaque est bien trop rapide.
La torpeur est palpable.
Le malaise aussi.

On atteint des chiffres de ping colossaux mais on ne peut pas rebooter avant au moins 4h du matin, conséquence d'avoir prononcé la veille la fatale sentence "une bonne nuit de 12h et hop".

C'est toujours faux.

Autant l'insomnie nous écarte de la réalité, autant l'hypersomnie nous la flanque en pleine gueule.
Quand on ne dort pas bien, on peut le dire, les gens compatissent. Quand on dort trop et qu'on ne va pas bien, les regards sont lourds de reproches : pas d'excuse si on ne pige rien, le cerveau est normalement frais et dispo. Le marathon nocturne et chimérique, personne ne le prendra jamais au sérieux.

Au moins pendant l'insomnie, la nuit prend son temps. Les chiffres digitaux s'entassent dans un coin de la pièce, ne formant plus qu'un agglomérat rouge pétant bien irritant. Un rappel de tout ce qui est irrattrapable, de tout ce temps qu'on vient de perdre... pour rien. Du moins rien de bien.
L'imagination dépasse les barrières de la cohérence et parfois le point de non-retour. Les rêves éveillés font office d'inconscient maîtrisé. On limite d'ailleurs la casse en matière de cauchemar : en trois heures, on n'a pas des masses le temps de faire grand-chose à part récupérer ce qui est vital.
La courte nuit s'étale ensuite en couches épaisses sur la rétine, d'où cette impression au réveil d'avoir confondu le Nutella avec le collyre.
Le rythme cardiaque est incohérent mais les sourcils sont froncés, l'oeil reste un peu vif quand même : en si peu de temps, on ne s'endort pas vraiment.

Le monde apparait tel qu'il ne le sera jamais, l'imagination se fait la malle dans les recoins les plus fous du n'importe quoi. On sent que cette énergie malsaine dérange un peu et qu'elle ne durera pas mais on a envie d'y croire.

Vers 14-15h pourtant, c'est la dégringolade. Tout semble insurmontable, la fatigue se fait sentir, l'appel de la couette est bien présent, s'y refuser relève de l'impossible, pire qu'un McFlurry en période de régime. Cet état se maintiendra jusqu'à 22h : une nuit normale quoi. Puis, l'heure du coucher étant arrivée, on ira s'étaler en pensant qu'on l'a bien mérité et que cette nuit sera plus reposante que jamais. Le truc, c'est que c'est juste trop tard, l'heure est dépassée, le sommeil s'en est allé rejoindre toutes les choses improbables auxquelles on a pensé toute la journée.

Il va y avoir des pénalités.


* ou qu'il va devenir un bichon, c'est selon.
** j'avais toujours rêvé de pouvoir caser ce mot sans pour autant y arriver.

lundi 27 avril 2009

Burn your fingers one by one.






















You've got a great car,
Yeah, what's wrong with it today?
The Dandy Warhols - Bohemian like you




Si jamais l'idée me venait de comparer ma condition actuelle à celle, à tout hasard, d'il y a trois ans, je dirais que j'ai principalement passé le temps à jouer à Jenga. Aussi à apprendre des trucs, à débusquer de nouveaux animaux bizarres, à serrer les mâchoires, à concevoir l'inconcevable, à en attendre moins de la médecine, à en attendre moins..., à goûter, à rencontrer des gens hétéroclites, à lire entre plein de lignes en même temps, à entrevoir les limites du web 2.0, à affiner ma technique de cuisson du thon rouge, à franchir des frontières, à penser du bien du streaming, à revoir ma conception du bien et du mal et à découvrir de nouvelles chansons étranges. Mais quand même, surtout à jouer à Jenga.

Mais bien.

Au début, des pièces se sont échappées, les unes après les autres, sans trop se faire remarquer. Un vide par-ci, un peu d'instabilité par-là : on retient sa respiration mais on ôte une autre pièce tant bien que mal, tout en lançant un regard plein de fausse assurance à la ronde, qui retient sa respiration aussi mais pas pour les mêmes raisons. C'est le jeu.

Mais jusqu'ici, ça tenait.

Le problème est que lorsque l'on retire trop de ce qui fait la fondation, le vertige s'accentue, la précarité et le doute s'installent...le point de non-retour est proche. Il y a d'ailleurs un moment où ça tangue tellement qu'on a envie de foutre une baffe à la tour chancelante pour qu'elle s'effondre plus vite, histoire d'abréger.

Tellement l'attente est insoutenable.
Tellement ça ne vaut plus le coup de jouer .
MB avait pourtant prévenu au dos de la boîte qu'on pouvait perdre à ce jeu, mais tout de même, la chute est rude.

Ce moment-là est sans doute le plus détestable, celui qui vaut le moins la peine dans le jeu : celui où généralement, le gamin joueur fronce les sourcils, sent son pouls s'accélérer et voit le mot "perdu" clignoter sur sa rétine.

L'autre issue est donc de récupérer des pièces qui ressemblent à celles du Jenga mais qui n'en sont pas. Sinon ça ne serait pas honnête. Tout ça pour boucher les trous, pour "reconstruire" même si on sait que c'est un mensonge et que la tour ne ressemblera plus jamais à celle promise dans la pub.
Probablement pour un mieux, certainement pour un changement.

Je vais donc partir à la recherche de pièces-placebos et si ça ne tient pas, un bon coup de chatterton et il n'y paraîtra plus. Au pire, il restera toujours Jenga Xtreme, histoire de pouvoir marier incertitude ET vert fluo.


Et plus je prends conscience de ce qui est écrit sur ce blog, plus je me dis que ma haine du jeu est profitable à autrui.


mardi 21 avril 2009

A city wall and a trampoline.
















Say "yes"...
At least say "hello".
Metallica - The Memory Remains



Un jour, y'a pas si longtemps que ça, on m'a dit que je parlais trop. Cette phrase anodine a eu pour effet une mutation en 4 temps :

1) J'ai commencé à écrire trop. Les mots ne voulaient pas* s'arrêter de couler. C'est con que ça ne se traduise pas par des couches sur la plume de mon Watterman (oui j'y tiens, f*ck Parker), sinon j'aurais pu la décortiquer comme le tronc d'un vieux chêne et compter les mots comme on compte les années. J'aurais ensuite pu en faire un tableau Excel, afin d'ainsi corréler mois, saisons et humeur avec les mots. Mais alors il aurait fallu utiliser Access pour une efficience accrue, donc finalement c'est bien que les couches restent sur les troncs et dans ma tête**.

2) Ecrire c'est bien. Mais quand mes mains ne tiennent aucun stylo ni ne frappent compulsivement des touches, il a bien fallu trouver une digue réelle à ces débordements locutifs occasionnels. C'est à cette occasion que j'ai appris à enchaîner les "hmm" et les regards en coin, généralement accompagnés d'une moue faussement dubitative : ce n'est pas une marque de désintérêt, c'est juste la concrétisation d'une barrière physique et morale à la digression intempestive. Et je sais qu'on est nombreux à pratiquer cette discipline.

3) Jamais je n'ai autant ruiné d'écouteurs que depuis cette sentence. La musique me permet en effet de fermer ma gueule. Et accessoirement de maintenir mon champ de vision périphérique en perpétuelle activité : marcher dans Bruxelles sans le son, c'est dangereux.
Vu que je ne suis pas la conversation des inconnus autour de moi, cela m'évite également d'avoir envie d'y participer, de devoir me contenir sous peine de faire un bide puis de ressentir le besoin incommensurable de devoir faire part de mes observations à mon entourage après coup.
Tout le monde y gagne, quoi.
Qui plus est, je connais désormais une cinquantaine de chansons par coeur, dans 4 langues, ce qui est inutile dans la vraie vie, mais tellement appréciable quand on joue à Buzz.

4) J'ai maintenant une quasi-admiration pour Mobistar : les 5000 sms gratuits à chaque recharge, c'est plus que vicieux. Mais bon vu que c'est quand même relativement lourd à taper et plus laggant que le langage parlé, ça freine pas mal.
Cependant, toute aide est bonne à prendre.

Si ces conséquences sont bien sûr extrêmement (?) positives, un accident est bien vite arrivé. Un taux d'alcoolémie supérieur à la norme autorisée, un coup de spleen, et bardaf. C'est exactement la même chose lorsque l'on suit un régime et que quelqu'un pose un paquet de frites devant vous : ça foire.

L'autre inconvénient est que je me dis qu'un jour, à force de trop incomplètement contenir les mots, ils vont jaillir de ma zone de Broca tels les trucs Illustrator qui s'échappent des pubs Coca-Cola. Ce jour-là, il sera donc temps de paniquer et d'entamer une retraite.

En attendant ce jour, je vais quand même essayer de trouver les couches, tout compte fait.


* ... et ne veulent toujours pas.
** Pour moi Access est à la joie de vivre ce que la purée d'anchois est à la tarte tatin.

samedi 18 avril 2009

Patiently correction leaves us all alone.




















If only I was sure
That my head on the door was a dream
.
The Cure - Close to me



L'autre jour, je lisais, pour une fois, un article un peu intelligent et élégamment intitulé "Language choice in bilingual, cross-cultural interpersonal communication"*. En gros, c'est pourquoi un couple - dont les joueurs ont chacun une langue maternelle différente - va choisir une langue plutôt qu'une autre pour communiquer. Une explication assez fréquente, bien qu'un peu pathétique, est que celui qui n'est pas dans son pays peut "imposer" sa langue, en guise de compensation territoriale. "Je fais l'effort de prendre mes petites pattes pour venir chez toi, alors apprends le mandarin, chéri". C'est gonflé.

J'aime bien.

Ailleurs**, j'ai aussi lu que certaines personnes, lorsqu'elles ne s'exprimaient pas dans leur langue maternelle, pouvaient parfois totalement changer d'opinion. Tout simplement parce qu'elles ne maîtrisaient pas assez le vocabulaire ou la syntaxe de la langue apprise pour exprimer ce qu'elles avaient sur le coeur... C'est dommage quand même, mais ça doit donner l'impression assez étrange de se mentir à soi-même ainsi qu'aux autres, juste pour sauver la face et ne pas (s') avouer qu'on est une tanche en langue. Ou tout simplement qu'on manque un peu de pratique.

Mais c'est vrai qu'à mieux y regarder, quand je parle néerlandais, j'ai tendance à légèrement simplifier...
De "ah oui, ce livre est vraiment terrible, j'ai bien aimé la symbolique et la dimension philosophique du contexte", on passe très vite à "het was leuk". C'est parfois tellement dur de ne pas buter sur les mots que, plutôt que de dire "euuuuh" 12 fois, on préférera édulcorer. Après tout, on n'y tenait pas vraiment à cette opinion : il y en a tellement d'autres qui sont beaucoup plus simples à expulser.

Bref, la communication, fléau des temps modernes s'il en est. Notre charmante société occidentale et contemporaine a d'ailleurs la manie de nous gaver affectueusement de conseils en tout genre, histoire de sauver, au choix : notre couple, notre vie, nos enfants d'une vie atroce sans flots de mots ni déballages affectifs quotidiens.
Même Science et Vie le dit.

Et oui.

On parle du bienfait de la communication, de la panacée de la métacommunication.

Et puis on voit des djeunz dans le métro qui parlent à leurs congénères avec leurs écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, histoire de ne pas perdre une note de leur tas de décibels journaliers. Une histoire de fierté mal placée, probablement liée à Last.fm ou au compteur iTunes mais je m'égare.

Ou tous ces gens qui mettent le son de leur gsm à fond histoire que les autres ne puissent plus s'entendre, ne puissent plus s'échanger que quelques œillades outrées en soupirant bruyamment.

Donc je pense que la relève n'a pas l'air d'être (r)assurée.

En même temps, se comprendre en un coup d'œil plutôt qu'en un jet de mots, c'est parfois pas plus mal. Je crois que l'objectif à atteindre, c'est de ne pas se prendre la tête quand on n'a pas tant de temps que ça à perdre, de ne pas vouloir tout décortiquer. De laisser planer le doute et le mystère de temps en temps. De garder un peu de brut dans le taillé sur mesure.
Ça a un autre charme que de vouloir s'acharner sur de la syntaxe ou du champ lexical...et ne parlons même pas du langage non-verbal, voire pire, de l'analyse des silences. Mais il est vrai qu'il peut parfois être réconfortant de se raccrocher à des termes techniques, à des méthodes bien emportées à la pièce ainsi qu'à des comparaisons, plutôt que de s'attarder sur le côté improvisé, impulsif, émotionnel des choses.

Parfois, tout le reste n'est pas que littérature.


* Ingrid Piller, Hambourg
** oui mais j'ai oublié où.

vendredi 17 avril 2009

Rosemary, heaven restores you in life.
















Daddy, don't ever die on a friday
It could seriously damage your health.
Emir Kusturica & The Non-Smoking Orchestra - Daddy don't ever die on a Friday




Cette nuit, j'ai dormi comme un économiseur d'écran.
Une belle image devant qui masque tout ce qui continue de s'activer derrière. Et quoiqu'on en dise, ça continue à frétiller, à vivre et à se tortiller comme si de rien n'était. Pas moyen de connaître la tranquillité d'esprit, même en dormant.
Donc je me suis réveillée en sursaut et me suis dit que tout ça, c'est un peu comme "Le rouge et le noir" : c'est chiant.

J'aimerais bien pouvoir me balader dans une rue, et pouvoir vider ma tête, ma mémoire, comme s'il s'agissait de mes poches.
Jeter les vieux papiers et les tickets de caisse de 2005, garder les trucs pas encore périmés.
Laisser l'angoisse et garder la quiétude.
Ne fut-ce qu'un peu épurer, un peu relâcher la tension pour pouvoir enfin se concentrer sur le reste. Et vivre, sans devoir démarrer l'économiseur d'écran pour faire semblant.

Outre l'effet pseudo-philosophique et manichéen précité, on peut aussi voir ça d'un aspect pratique et beaucoup plus concret : oublier ce qui ne sert à rien.

Genre :

- plein de mots de vocabulaire totalement inusuels
- ou des anecdotes à la con
- des trucs qui, juste après les avoir exposés, vous font vous exclamer : "mais pourquoi je sais ça?"
- des gens.

Parce que je suis convaincue, que, comme sur les cartes mémoire (cassedédi à Stevan), il y a un moment où c'est plein. Donc il faut évacuer le trop-plein pour le remplacer par de nouvelles données, pour ainsi parvenir à un niveau d'amusement optimal*.

Parce que quand je m'aperçois que je connais par cœur les paroles d'une chanson en turc, et que je bloque sur une définition, en français et en 3 points, ça me fout les boules.

Parce que, comme beaucoup de choses, ça serait tellement facile que personne ne s'en servirait.

Mais bon, on n'est pas à l'abri d'une erreur de manip' : si on efface par mégarde un fichier sain, est-ce que ça va nuire au bon fonctionnement des autres?

Et pendant que je me pose des questions procrastinantes et sans fin, Sony et Toshiba suppriment 5900 emplois, Marine Le Pen est sur le point de succéder à son père et YouTube organise un concert symphonique.

Finalement, pas mal de gens devraient stopper toute activité pour ne penser à rien. Ça leur éviterait de faire des conneries.


* "S'amuser seul" est un programme Gilbert Software, nul besoin de le rappeler.

samedi 11 avril 2009

Excuse my manners if I make a scene.





















Wake up
!
Grab a brush and put on a little makeup
.
System of a Down - Chop Suey!




Bon, ben il faut croire que c'est revenu. C'est toujours quand on dit qu'on ne le fera plus que ça vous reprend, et ça n'en est que plus obsessionnel.
L'appel de l'encre virtuelle ou non est donc réapparu. Et ça c'est bien. Du moins pour moi. Vous, je n'ai pas trop envie de savoir, il faut bien l'avouer. Mais je vais vous expliquer pourquoi.


On m'a souvent dit que j'écrivais rarement sur des sujets positifs.
C'est parce que j'aime pas ça.


Je n'aime pas ça, parce que c'est d'un banal sans nom. Pour être exacte, c'est surtout le procédé de banalisation qui me gêne. Ça rend la chose accessible à tous, critiquable par tous. Ça la circonscrit, ça la réduit, ça la définit.
Bref, ça la vulgarise.
Plein de gens, y compris ceux qu'on n'aime pas, auront accès à cette chose, à ce petit coin de paradis en carton dont on était si fier, dont on se sentait l'unique propriétaire. Chacun va y aller de son petit commentaire assassin : "Quoi, tu aimes ça??!", "Mouais fin ça casse pas trois pattes à une brique". Après on va y réfléchir, et on va se dire que, effectivement, on s'est un peu emporté et que finalement ça ne valait pas ça. Si l'on part de ce principe, rien ne vaut rien s'il est confronté au goût des autres.
On peut donc premièrement dire que je pratique la rétention verbale et émotionnelle à des fins purement égoïstes, voire misanthropes.

Ensuite, et ça me gêne aussi, on rend le concept présentable, socialement acceptable et politiquement correct.

Tout plat quoi.

Genre le fait qu'il soit positif pour une seule personne ne suffisait pas, il faut en plus de ça qu'il le devienne pour tout le monde.

Prenons l'exemple du mec qui a découvert des îles, mettons les Grenadines parce que c'est joli. Et bien aujourd'hui, bien qu'il soit mort, il doit ressentir la même chose.
Il avait trouvé un coin sympa, on pouvait déconner et procrastiner en toute simplicité, tout en mangeant de la mangue fraîche en n'en ayant rien à foutre que le jus dégouline de partout vu qu'il suffisait d'aller se baigner dans l'océan LIMPIDE après.
Maintenant dessus il y a 5 Club Med*, un Burger King et un Starbucks. Donc si on résume bien, le découvreur des îles Grenadines, il a les boules parce que son havre de paix est devenu une destination last minute relativement courante.

Parler d'un truc positif, c'est le donner en pâture à l'opinion publique. A ceux qui ne demandent qu'une chose après une journée de merde, pluvieuse et pleine de rapports à rendre pour hier : détruire. Le mieux est l'ennemi du bien...c'est toujours dur de placer une expression bateau avec un minimum de cohésion, mais parfois ça en vaut la peine.
D'une belle pierre un peu mystérieuse, tirant son charme de sa forme douteuse et asymétrique, on obtiendra un bête galet, poli à force d'avoir été retourné dans tous les sens, d'être passé entre d'innombrables mains. Tout lisse, tout simple. Qui plaira à tout le monde, ou tout au moins qui ne dérangera personne.

Alors, j'ai envie de dire, pour une fois, jouons-la perso et ne démystifions pas. Gardons le bonheur et tous les trucs positifs pour soi, bien à l'abri dans une heart-shaped box.
Ça vaudra mieux pour tout le monde.


* Tant qu'on est dans le domaine de la protestation, j'ai AUSSI quelque chose contre le Club Med

vendredi 10 avril 2009

Bring your sister over here.
















I need, no need no alibi
Honestly I'd tell a lie.




Tous ces petits gestes cons et inutiles...

Quand j'ai un truc en tête, ou que le truc en question me la prend, j'augmente le volume, et bien. Genre la musique va prendre la place de mes pensées, les écraser, les évincer, les émincer. Et il ne restera que des notes, des paroles écrites par d'autres, qui pensent à autre chose vu qu'ils sont californiens et forcément über-cools.

Quand je prends mon stylo préféré juste pour écrire des conneries, parce que c'est lui qui me donne des idées. Mais si.

Quand on me propose fort sympathiquement quelque chose et que je réponds systématiquement non, tout en le regrettant. Parfois.

Quand je passe dans le couloir de mon habitat estudiantin, en m'auto-serrant compulsivement dans les bras, tout en courbant l'échine et plissant les paupières, histoire de contrer les monstres ou plus probablement d'éviter la chute du plafond en papier mâché (vert fluo).

Quand des conneries m'interpellent.
Comme, par exemple, le fait qu'autrefois Nokia possédait dans ses messages tout faits (du genre "je suis en réunion, rappelez dans une autre vie") le moins classique "moi aussi je t'aime".
Comme la touche "avion" sur les lecteurs de cartes Mobib.
Comme quand la secrétaire de la filière communication de la faculté de philosophie et lettres (titre de noblesse entier) nous envoie à tous une invitation pour aller à un congrès de physique nucléaire à Francfort.
Comme le fait qu'en faisant alt gr + g, ça donne "fi".



Comme si ça allait changer quelque chose, et pourtant si.
Ça donne du relief, ça permet de voir au-delà de ce qui ne mérite pas d'exister ou d'avoir de l'importance.
Ça donne l'impression qu'il y a une vie après la vie et que tout ne s'arrête pas, faute d'intérêt ou d'impact sur le quotidien.
Ça donne l'illusion d'avoir quelque chose de spécial. Alors que non.
Bref, ça occupe.


mardi 24 mars 2009

I'll be here when it all gets weird.
















Hey! Wait! I've got a new complaint
Forever in debt to your priceless advice.




Un des rares trucs constants dans ma vie, c'est que j'ai toujours la place près du hublot. Bon souvent le contour du hublot en question me cache à moitié la vue et je dois prendre des photos des si lyriques nuages pour les vieilles.
Mais quand même, c'est une chose qui tient la route.

Parce que le reste, pas.

Et ça se ressent un peu partout, dans tous les domaines.

Comme écouter Fiona Apple et Dillinger Escape Plan en alternance dans la même playlist.

Après examen, de conscience surtout, je crois qu'on peut en déduire que j'ai perdu mes paillettes.

Elles étaient là, puis pouf. Comme souvent.

Et bon les paillettes, c'est un peu comme le mojo quoi.

Donc la vie ne se traîne pas mais elle glisse et je n'ai pas le temps de la rattraper. Ce n'est pas forcément négatif. Mais quelques fois ça l'est. C'est juste que je n'ai plus trop l'envie d'écrire, le goût des mots, ce truc impulsif qui me faisait attraper mon stylo ou mon clavier à la moindre occasion.
Et ce n'est même pas une question de flemme, c'est juste que ma plume n'absorbe plus des masses ce que j'ai sur le coeur et au coin des yeux. Parfois j'ai envie de raconter quelque chose, puis je trouve ça sans intérêt, la chute ne vient pas et je passe mon chemin pour ne pas aller me concentrer sur autre chose.

Je n'ai jamais été très douée pour garder les choses. Depuis les collections à la con de quand on était gosse, aux hobbies ou aux objets. Rien n'a jamais duré. Mais l'écriture c'est différent, c'est encore la seule chose qui me tienne réellement à cœur, le reste n'est pas que littérature, sinon ça aurait eu plus d'importance.

Ça reviendra. Comme tout ici.


lundi 5 janvier 2009

Put a little mustard on it.






















We passed upon the stair,
We spoke of "was" and "when".
Nirvana - The man who sold the world




Quand on va sur le site paroles2chansons.com, on tombe sur le message suivant : "A compter de ce jour, nous avons décidé de suspendre la diffusion et l'accès aux paroles de chansons". Et ça, c'est un peu con.

BREF

Bon, j'avoue, c'était une tentative un peu inespérée de relâcher la pression avant de me mettre à déblatérer sans fin sur un sujet vaste et obscure.

J'aime bien quand tu me bottes le cul. Parce que je suis la première à le faire pour les autres mais que tu es l'un des rares à posséder les éperons nécessaires à ce genre de pratique. Ça me remet la tête en place et je chiale et je me relève et tout est mieux.

Le truc c'est que tu ne comprends pas certaines choses, et que même si je comprends cette incompréhension, je me meurs un peu de pouvoir un jour t'ouvrir les yeux.

Donc, on va tenter ça maintenant.

Tu me l'as dit texto, tu ne me comprends pas. J'ai eu envie de te prêter ma peau, l'espace d'un instant. Pour que tu entrevoies.

Pour que tu entrevoies que rien en fait.

Et c'est là que je me demande s'il existe une rhétorique adéquate au fait que demain n'existe pas. Non pas que, comme le chantait Smash Mouth "Today is just another yesterday", ce serait trop simple. Juste que, demain n'est rien.

Demain n'a de valeur que celle que l'on veut lui donner, et je ne suis pas disposée à ne fut-ce que lui prêter quelque chose. Pas envie de l'attendre, de le comprendre, de le gérer. Et ça c'est con mais quand je m'apprête à te le dire, que les mots sont sur le bord de mes canines, mon sternum se contracte et ma vision s'embrume, ça ne sort pas. Comment te traduire 10 ans de réclusion morale, de remises en question, autrement qu'en hurlant? Mais non, pas moyen, même en murmurant.

Trop de mots peut-être?

J'ai cherché les métaphores, en vain, jusqu'il y a à peine deux jours.
Il y a deux jours, dans "10000 litres d'horreur pure" de Gunzig, j'ai lu que ça "éclate comme un soleil" et c'est vraiment ça. Ça prend la tête, ça te colle une migraine instantanément et surtout, ça t'aveugle. Ça t'empêche de voir ce que tu aurais dû, ce que tu n'aurais pas dû, et surtout ce que tu aurais pu. Toutes ces choses hypothétiquement réalisables, et pire que tout réalisées par les autres, que toi, tu ne connaîtras jamais. Ou alors juste par une facette, encore plus frustrant. Des regrets, des remords, des occasions manquées. Juste parce que tu ne voyais rien, tu ne voyais que ton propre soleil à la con.


Parfois j'ai envie de te prendre par le bras et de t'entraîner là où je ne connais que trop le chemin, mais ça ne servirait à rien.