dimanche 30 mars 2008

We should have each other with cream.























21 was not a good number,
Conversation lost its hate anyway.





Merde, je tremble encore.

Envie de pleurer, de hurler et de rire en même temps. Selon un principe basique de la rhétorique, c'est le dernier terme que l'on va retenir. Bien. Mais je ne sais pas qui l'emportera vraiment. On dirait que mon cerveau a abandonné. Mon cœur aussi en fait. Ne plus avoir envie de rien, ça devient une solution. A court terme, d'accord, on y revient toujours.

Encore heureux que les histoires de princesses à la con n'ont jamais eu de prise sur moi.
Du moins, en surface.
Du moins, j'aime à y croire.

Comme disait Andy : "Shouting at the world you'll never change, but it's what's inside you've got to rearrange". C'est beau n'est-ce pas? Mais techniquement bancal vu que personne ne croit au changement personnel, c'est beaucoup plus facile de s'en prendre à la globalité vu qu'elle ne contre-attaque jamais.
Alors on dit que c'est quand même possible de devenir quelqu'un d'autre, tout en pensant à autre chose, à une autre vie. Comme si on mettait "mais" puis une virgule. Un double obstacle, une double distanciation.

Tu veux être ma virgule?
Non, hein.

Moi non plus, en fait.

Et ce mec qui me fixe et ça m'énerve. Encore une preuve que le WYSIWYG devrait rester un terme purement informatique.
Mais il ne le sait pas. De là où il est, il ne voit pas que mon palais tremble. Que mes yeux tremblent.

On dit que la douleur pousse à faire les pires conneries.
Qu'elle fausse le jugement et le raisonnement.
Qu'à cause d'elle on bâcle tout et que l'on ne se donne même plus la peine d'aller voir plus loin.

Et bien oui.

Pour une fois je ne vais pas épiloguer ni opposer à ces observations des contre-arguments inutiles et pompeux. Ni chanter "Going Nowhere" en fermant les yeux, les bras tendus prêts à heurter un mur quelconque.

Parce que c'est vrai, tout simplement. Que ça me crève plus que le cœur de l'avouer mais c'est vrai. Un des rares trucs qui me laissent sans voix. Qui me donnent envie de me rouler en boule pile à l'endroit où je me trouve, sans même chercher à me planquer, pour une fois.

Souvent, je me demande pourquoi j'écris.
Et puis je fais semblant de ne pas remarquer que c'est une des dernières choses qui me soient encore permises. J'aurais eu besoin de poings, de cordes, de rythme cardiaque frénétique. On m'a donné un Waterman et un clavier. Pas si mal, non?

How could we miss someone as dumb as this?

C'est de l'énergie même pas brute vu que la syntaxe et l'orthographe, ça comprime un peu la spontanéité. Mais ça reste brutal et c'est ça qui compte.
Comme une pulsion.
J'écris dans mon lit. En cours. Debout dans le métro. Parfois même en marchant, comme dans un cauchemar. Penser à ne pas se mettre de l'encre sur les doigts et ne pas se faire écraser en même temps, ça reste un peu touchy. Encore que.

Ce qui compte aussi, c'est qu'une fois mon carnet refermé, les tremblements disparaissent, il ne reste plus qu'à balayer les papillons crevés qui encombraient mon cœur.


Et ils peuvent revenir quand ils veulent, ce ne sont décidément pas les cartouches qui manquent.


mercredi 26 mars 2008

...and they're all made out of ticky-tacky.






















I'm surprised at how hot honey-coloured and hungry she looks
And I have to turn away to keep from bursting.





En fait, si on considère ça d'un point de vue technique, j'ai eu plusieurs vies.
Plusieurs époques pas vraiment reliées entre elles.
Des lieux, des acteurs, des décors différents.
Des ambiances, des odeurs, des chansons à tout va.

Et quand je repense à ces moments, parfois je ris.
Et parfois j'ai le cœur serré à l'idée que ça ne se reproduira plus jamais, que le fil est perdu, que les paillettes sont ternies. Comme si quelqu'un d'autre avait vécu tout ça, je revois le film et c'est vraiment un film. Tout est lointain et flou, mon double refait, redit les mêmes conneries, les gens s'entrecroisent et tout se mêle.
On ne va pas se leurrer, c'est juste une grosse blague. J'aimerais de temps en temps que tout soit vrai. Mais les souvenirs sont-ils vraiment fiables? On embellit tellement la réalité... Peut-être que l'interprétation à chaud était la bonne à nos yeux. Mais aux yeux des autres? Qu'ont-ils vu, eux?
Où est le vrai?
Et finalement...est-ce que l'on doit vraiment chercher la vérité? Genre, la vie n'est déjà pas assez crade, il faut encore aller s'encombrer de contours foireux, d'ambiances glauques et de détails sordides?

On se ment? Allez, d'accord.

En fait, c'est peut-être ça la clé. De se mentir pour se préserver, de dégriser la réalité. Pour éviter la détresse mentale, le vide. Le fait de se rendre compte que bon. Il n'y a plus rien qui en vaille réellement la peine. Donc autant faire un foin de n'importe quoi pour se meubler les neurones en attendant un événement qui en vaille vraiment la peine.
Si ce raisonnement est correct, ça veut simplement dire qu'on s'emmerde la vie pour rien. Qu'être heureux et juste heureux, c'est trop simple.
Qu'il faut toujours penser aux conséquences négatives qu'un événement positif peut avoir. Parce que quand il n'y a rien à penser, j'ai les sourcils froncés et la jambe droite qui trésaille par intermittence. C'est un peu con.
Alors j'ai arrêté de cogiter dans le vide, parce que ça me rendait trop vieille. Ça me donnait envie de démouler ma tête grâce à une languette, comme les Flamby. Pour en écraser le contenu, après.
Et ça m'empêchait de dormir.
Le seul truc anti-réminiscences nocturnes que j'avais trouvé, c'était l'Actifed.

Bordel, l'Actifed. Mais la version old school hein, pas cette espèce de liquide insipide vendu actuellement. Non, le vrai Actifed, ce cocktail d'anti-histaminiques, de décongestionnant et d'un petit je ne sais quoi qui avait un goût atroce.

Mais qui agissait sur mes neurones comme personne ne l'avait jamais fait.

Un concentré de brume, une coulée de lave soporifique qui léchait les contours de mon crâne, dégommait toute résistance au sommeil et venait barbouiller mon système nerveux central dans le but de me faire tomber comme une masse dans mon lit.
Le sol s'ouvrait et tout s'engouffrait dedans. La peur, la connerie, les syllogismes et les tautologies. Tout.

Et puis un jour des gens ont trouvé que ça faisait trop de bien à la tête mais pas assez à la gorge, vu qu'en fait c'était ça le but premier. Merci la FDA, vraiment hein.
D'ailleurs je suis sûre que c'est de leur faute aussi si tout plein de bons produits ont disparu. Comme les Oreo gras, les Milky Way marrons, les toutes petites boules de mozzarella Galbani, les buns pleins de crasses de Mc Cain, les pizzas à mettre au grille-pain comme les Pop Tarts.
On a même failli perdre le Dr Pepper avec leurs conneries.
C'est un complot. Mais ça donne l'impression royale d'être le seul à consommer ces produits. Et quand ils ont disparu, on se sent con.

On se dit que rien ne comblera ce manque, on tourne dans le Delhaize pendant 2h, on emmerde un mec du réassort même si on connaît déjà la réponse. "Ils ont arrêté d'en faire". "Ils" nous ont trahis.
On se dit que la vie sans gras, sans marron, sans crasses, sans anti-histaminiques liquides, c'est moins drôle.

Et puis on trouve un autre objet sur lequel on transpose notre affection, nos espoirs, notre joie de consommer.

En marketing, on dit qu'on ne crée pas le besoin mais qu'on écoute le consommateur afin d'élaborer le produit qui le satisfera.

J'ai ri à leur blague.

Mais force est de constater que grâce à un lancement perpétuel de nouveaux produits, je n'ai pas construit d'autel à la gloire de l'Actifed, je ne hurle plus en passant devant un distributeur d'Oreo et je ne fais même plus chier Kevin au Delhaize pour lui demander 8 fois "pourquoi?".
Le manque s'est transformé en indifférence.

Parfois, ça a du bon d'être blasé.


lundi 3 mars 2008

So clear but so unheard.




















Although the red light
Everybody knows you cried last night




C'est comme une chanson de jazz... Les balais lèchent les peaux de batterie sur un tempo tranquille et ondulant, une voix un peu cassée s'élève au loin et les cuivres s'en mêlent peu à peu, donnant du corps à ces notes comme posées au hasard sur une partition absente. Une petite averse de piano, une claque de trompette, un coulis de clarinette et en avant. Ça tinte, ça sonne, ça résonne.


J'aime bien le jazz, ça rend nostalgique.


Des fois, il faudrait que j'achète un teckel coupe-courant d'air mental.

Pour empêcher les mots et les souvenirs de partir.
Pour empêcher les images de se dissoudre et de filer en douce en-dessous de la porte pas assez hermétique de ma mémoire.

Ça éviterait pas mal de désagréments, comme par exemple le fait de chercher 3h les mots "soliloque" ou "caroube". Pour rien d'ailleurs, puisque l'essentiel de ces mots manquant à l'appel est strictement inutile, même dans un cocktail mondain. Mais tout de même, ça me perturberait pendant des heures de ne pas retomber sur LE mot ou l'expression adéquate.

Et puis aussi parce que ce doit être phénoménal de pouvoir se souvenir de chaque odeur, chaque couleur, courbe, grain, émotion qui passait par là.

Mais tout retenir...n'est-ce pas un bien pour un mal? J'imagine qu'à ce moment-là, toutes les choses seraient reliées entre elles, les souvenirs fuseraient à la moindre occasion, inopinément et sans lien logique apparent. Chaque parcelle d'objet serait une invitation au souvenir, tout se recouperait alors. Voir un klaxon et ne pouvoir s'empêcher de pleurer la mort de Dali ou de se rappeler le goût des macarons à la pistache, à mes yeux c'est plutôt une tare.
Ça fausserait le jugement, ça biaiserait l'objectivité, rien ne serait neuf ou frais.

C'est un peu être condamné à ne plus rien apprécier comme surprise, à ne plus pouvoir savourer le quotidien tant la nouveauté ne serait qu'une redite du passé, un puzzle, un patchwork de sens reconjugués pour obtenir une nouvelle forme de vie. Un éternel recommencement, un cycle sans fin auquel il est impossible d'échapper jusqu'à la fin de ses jours.


Peut-être que finalement, avoir la mémoire en forme de passoire, ça a du bon. Recommencer 4 fois la même chose sans se lasser, voir un film 2 fois sans connaître les dialogues et les plans par cœur. Pouvoir vivre sans anticiper, ne pas avoir cette impression de déjà-vu, de recuit.


Juste ne pas être blasé et pouvoir encore s'étonner... Finalement, on n'est pas si mal lotis.