mercredi 20 février 2008

Mesmerize my memory.

















All this noise is making me nervous

I feel every slammed door and drunken laugh.
Therapy - Safe





Ça aurait du être lui. Mais après mûre réflexion suivie de vertes désillusions, (em)prises de contact après joutes non-verbales, il a été décidé que c'était Elle. Moins honnête, plus pernicieuse que lui. Plus chiante, quoi.


Plus spontanée et incontrôlable.
Faux mouvements puis franches accolades.
Tantôt froide et impersonnelle, tantôt comme une seconde peau.


Parfois sensuelle, parfois brutale, mais toujours aiguë, comme un coup de dague. En plein cœur. Comme un rappel à l'ordre sans appel : la finesse et les sous-entendus délicats, c'est pour les faibles, n'est-ce pas?


Elle est tout ça en même temps. Le diamant brut et dégueulasse que l'on ne taillera jamais de peur d'y découvrir un crapaud.

Elle c'est moi. Mais je ne suis pas Elle. Un peu comme le coup du carré qui est un rectangle. Je refuse qu'Elle s'installe définitivement en moi, tant qu'il me restera des forces je le refuserai, même si je les sens s'éroder peu à peu, tant Ses arguments portent ces derniers temps. Céder reviendrait à couler puis à remonter à la surface sous Ses traits. Je sais que la transformation est déjà amorcée, pas besoin de miroir pour ça. Des lignes, des angles, des courbes brisées avant même d'avoir pu décoller. Irrécupérables mais surtout irremplaçables. Elle a voulu faire de moi ce que je ne voulais pas devenir.
Et on peut dire qu'Elle a réussi.


J'ai envie de lui dire "merde". Comme à la grande soeur que je n'ai jamais voulu avoir, celle qui vous empêche d'aller à votre première soirée, qui vous pourrit le groove en vous racontant comment on fait la viande des fricadelles : celle qui se croit tout permis.

J'ai envie de lui dire "merde". Parfois, cela fonctionne assez bien, son tranchant s'émoussant sur les dérives elliptiques de mon rire, sur les arabesques de mes sourires. Alors là, Elle me laisse.

Pour mieux me reprendre après.

Mais paradoxalement, c'est Elle qui m'a appris à plonger, creuser dans les traits des autres, à écouter ce qu'ils ne voulaient pas me dire. C'est grâce à Elle que j'arrive à rire tout en hurlant, à pleurer tout en poursuivant une conversation, à courir tout en regardant le mur droit dans les yeux sans ciller. Pour La défier. Avec toute la rage qu'il me reste.

En partie grâce à toi.

Vu qu'aujourd'hui vous êtes plusieurs, j'ai envie de vous dire "tu", ça fait plus cosy et synergie de groupe.

J'ai tant de choses à te dire, tant de poings à te rendre. Un jour, en bonne geek bien éduquée, je te ferai une FAQ list pour que tu comprennes enfin à quel instant tu passes subrepticement de compassion déplacée à cruauté sans nom.

Que tu prennes conscience du fait qu'un mot blesse plus qu'une gifle.

Que tu prennes conscience qu'aucune de tes excuses ne tempérera la fièvre que tes paroles m'ont donnée.


Tu m'as un jour suggéré de voir la vie autrement...

Je devrais te dire de songer à ce que ça fait de toujours se dire "il y a pire" alors qu'on sait que ça ne panse rien d'y penser.

Je devrais te dire d'imaginer ce que ça fait d'effrayer tout le monde, rien qu'avec des pupilles dilatées par la rage et l'impuissance, noyées dans les étoiles mortes.
Mais à la place, je vais juste rire.

C'est tout ce qu'il reste.


jeudi 7 février 2008

Run away ... and give me your sneakers.



















I met a strange lady : she made me nervous
She took me in and gave me breakfast.
Men at Work - Land down under




Les larmes tombent dans mon café. J'avais espéré une quelconque réaction chimique miraculeuse, une pluie de paillettes ou une intervention divine pour éponger cette exubérance lacrymale, mais non.

Encore une preuve que chialer est vain, vu que même le café n'en a rien à foutre, alors qu'il devrait se sentir un minimum concerné vu que c'est le premier à nous voir moches et gonflés le matin.

Encore l'impression de ne pas être à ma place, mais cette fois-ci ça m'a l'air réel d'un point de vue presque propre vu que j'ai vraiment l'impression de m'être trompée de local, voire de dimension. L'espace d'un court instant, j'ai eu envie d'aborder l'une des 180 filles présentes (fac de philo, est-il besoin de le rappeler?) pour lui demander si ce local fleurant le plomb était bien le bon, mais elle n'avait pas l'air gentille. Pour tout avouer elle me regardait comme si j'étais Sartre régurgitant des pompons au lieu de n'avoir qu'un banal haut-le-coeur. C'était elle ou ce jeune premier qui m'exaspère avec sa coupe à la "Comment vont tes stock options?"...

Tant pis, c'est un risque à prendre.
Théoriquement, il devrait s'agir de communication d'entreprise, mais si c'est "Diégétique structurale des nombres premiers en exégèse", ça ira très bien, après tout on n'a que ce que l'on mérite. Un peu comme quand on demande un jambon de Parme-mozzarella et qu'on se ramasse un thon arménien aux pruneaux.
Pas le temps d'esquisser un sourire condescendant que le prof a déjà son micro-cravate, je dois donc interrompre Andy qui me hurlait "Hey lil girl, wanna go for a ride?" dans les oreilles. Diane attendra. La vie attendra.


En m'inscrivant à l'ULB, j'avais cru qu'il serait facile de rencontrer des gens dans cette somptueuse réserve naturelle. 20000 têtes pour ce cheptel indiscipliné mais pluridisciplinaire, un flot de paroles intarissables en théorie. Effectivement, on se rencontre. On discute 2h histoire de faire passer le temps. On se quitte en rigolant puis on se rend compte que l'on ne connaît même pas le prénom de l'autre. Mais ça a tout de même quelque chose de grisant de passer aussi inaperçu, de n'être qu'un objet de socialisation, un outil, un passe-temps. La quintessence du Rubik's Cube communicationnel a pris ses quartiers à l'ULB, et ce n'est pas un postulat. Si un visage ne vous plaît pas, il suffit de tourner l'un des éléments du cube : en gros, on se retourne et on tente d'aviser un personnage un brin plus avenant. Tout en sachant que les couleurs ne s'assembleront jamais parfaitement : on balance une vanne puis on se casse. Une couleur sur une pièce, un étudiant sur une chaise : même combat. Il faudrait que j'arrête de penser à ça, après tout il n'est question ici que de CRM et de décentralisation sélective, rien de bien méchant, somme toute.

Tandis qu'on nous assène que "On ne badine pas avec les OPA" et que "Outsourcer, c'est la clé", je me dis que reboire un café serait divin...

Comme ça, la boucle sera bouclée.