mercredi 24 mai 2006

100% matière synthétique part I



Un jour, quelqu'un a dit: "What You See Is What You Get". J'ai ri à sa blague.


Voilà pourquoi j'ai décidé de me lancer dans un article hautement technique et sentimental, intitulé comme suit: "De l'interprétation des émoticons et autres gourmandises électroniques dans la parade amoureuse". C'est beau comme le titre d'un bouquin de Jean-Pierre Coffe mais avouez que la situation est difficilement verbalement descriptible. Et bien sûr, la rédaction de ce texte n'a absolument rien à voir avec le fait que tout le monde est en examens et d'une humeur particulièrement exécrable, au point de préférer taper dans le vide plutôt que dans une fenêtre MSN.

Enioué.

Si l'on pourrait croire de prime abord que les dialogues par messageries éléctroniques ont facilité la communication, on se rend rapidement compte de l'inverse lors de l'analyse d'une conversation ou de l'écoute des ragots dans divers lieux publics. Les signes à étudier étant tellement nombreux, des épisodes suivants verront probablement le jour...

Le domaine étudié afin d'appuyer cette théorie est donc celui d'MS-Haine, et chaque exemple d'interprétation sera agrémenté d'un dialogue fictif. FICTIF.



Première situation: les basics.


(&)*oO°FaiRy°Oo*(<:o)) - kro kro bien hihi!!! dit:
slu, sa va? (k)(l)

Cédric dit:
Bonjour.


On remarquera directement la nette propension, toute féminine, à enjoliver son pseudo de divers signes, étoiles, caniches, etc. L'individu mâle aura plutôt tendance à faire court et pragmatique: on a un prénom, autant s'en servir, FFS. Il usera éventuellement du "Céd", un jour de lâche abandon.

L'insertion de l'humeur du jour dans le sous-pseudo est également capitale pour le spécimen féminin: le monde DOIT savoir qu'elle a réussi avec brillo son TP Poterie.
Cédric est un homme. Il n'a pas d'état d'âme.

La deuxième remarque concerne l'utilisation du langage dit "SMS". Et là j'ai envie de dire stop.
Dussé-je rappeler une énième fois qu'avant même la popularisation du GSM, nous, rejetons d'IRC, pupilles d'ICQ, devions user de mille subterfuges pour parvenir à diminuer notre facture Skynet ou Wanadoo? Et donc, chemin faisant, nous nous sommes mis à écrire comme des cancres pour rogner une minute par-ci par-là. Bah oui, une heure de 56k valait un gramme de caviar à l'époque! Ok j'exagère mais à 14 ans c'était bien légitime.
Mais depuis l'avènement de l'ADSL nous avons bien entendu mis au placard ces abréviations douteuses. Enfin certaines...

BREF. On remarquera que Fairy parle un vague ersatz de français (à lire parfois à haute voix) et que Cédric n'a pas l'air des plus chaleureux.

Là vous me direz, comment tirer des conclusions si hâtives?
Finger in the cake.

Tout d'abord, Cédric n'a pas répondu au (k) et au (l) et a achevé sa phrase enfin son mot par un point, symbole de sa position plus que fermée à l'égard du monde qui l'entoure, y compris des filles à moitié à poil en 2D enfermées dans un carré de fenêtre. On peut dire que la sauce n'a pas pris.
Pourquoi? C'est là que tout se complique. Car si dans la vie réelle le manant n'aurait pu échapper à la rituelle bise de bonjour, un panel d'excuses et d'explications variées s'offrent à lui sur le net:

1) sa mère est derrière lui et vient de s'exclamer "c'est quiiiiii??" en voyant l'avatar de Fairy, maquillée à la truelle et pourvue d'un décolleté plongeant face à la cam.

2) son équipe préférée a perdu (foutus Lakers...)

3) il n'est pas d'humeur à se faire agresser par une fille dont le pseudo clignote comme un sapin de Noël et qui n'est pas capable d'aligner trois mots sans dire "lol", "hihi", "ptdr" ou le summum : "stoi ki è mignon stou loolll". (Cédric je suis avec toi!!)

Enfin on rigole mais Fairy (Marie-Louise dans le civil mais ça faisait moins glamshine, même en "MarYy") va passer la soirée à se morfondre et à se torturer le(s) neurone(s) afin de comprendre l'attitude si déstabilisante de Cédric. Elle tirera donc les conclusions suivantes: Cédric est fou amoureux d'une autre fille qui a plus de poitrine.


Deuxième situation: le désintérêt.


(&)*oO°FaiRy°Oo*(<:o)) - jvs m ts tellemen :'( dit:
jcroi kj v mourire...

Cédric dit:
^^

Et oui. Fairy pensait se rapprocher de Cédric en lui racontant l'ablation d'un de ses grains de beauté. Elle repassera.

Quant à Cédric, il a la haine. On ne saisira jamais assez la frustration d'un pgm qui a oublié de couper MSN durant un round, et qui entend un "tougoudoum" entre deux "fire in the hole". Il a donc choisi la sobriété toute japonisante du double ^. Ce qui vaut mieux pour le karma de Fairy qu'un "TG biotche tu me fais louper des frags!!!", on en conviendra.

Ce ^^ met également fin à toute tentative ultérieure de discussion. Dans la même optique, on peut également faire passer son statut en "absent" ou en "occupé". L'inconvénient avec cette technique est que la majorité d'entre nous est déjà TOUT LE TEMPS occupée ou absente afin d'éviter un éventuel contact indésirable et qu'il est donc courant aujourd'hui de se faire déranger alors que pour une fois on bossait vraiment, on a juste oublié de déconnecter le soft du diable. Ce qu'évidemment personne ne croira.


Troisième situation: le rateau


(&)*oO°FaiRy°Oo*(<:o)) - kro kro bien hihi!!! dit:
(l)

Cédric dit:
(pi)


Nous y sommes enfin. La frustration à l'état brut: la non-réciprocité des smileys.

Tout d'abord resituons le contexte: les mois ont passé, et comme dit ma mère Fairy a toujours un boentje pour Cédric. N'y tenant plus, elle a enfin osé avouer sa flamme à l'élu.

Qui a répondu "pizza".

La situation est un peu just.

Car même si elle avait déjà mentionné un (l) au début, il était accompagné d'un (k) et perdait donc de sa véracité et de sa force de persuasion. Ici il est isolé et donc impossible de mal le comprendre.

Soit Fairy va déconnecter pour revenir 5 min après et assomer Cédric de questions, soit elle va passer à l'attaque immédiatement.
Ce dernier tombera de sa chaise en apprenant ce qu'elle ressentait pour lui, il aime juste la pizza hein.
Avec ses conneries, il a raté trois rounds.



Toubicontinyoude.




Photo:
"I hope this helps to emphasize, I hope this helps to clarify, I hope you die."
Bloodhound Gang



jeudi 18 mai 2006

Pourquoi j'ai adoré Da Vinci Code...


...dans une autre vie.

Oui hein, parce que Léonardo était plus crédible en tortue. Là franchement, ils ont exagéré.

Tout d'abord, le scénario: un honnête gruyère suisse. Des énigmes prenant 200 pages se retrouvent résolues en 4 min, grâce à Google sur Vodafone. On n'admirera jamais assez la technologie.
Les voyages de 15 jours, avec recherches au Vatican et rendez-vous aves le pape s'escamotent pour faire place à un city-trip bien sympatoche, tout en décontraction et nuitées au Ritz.

Les dialogues sont passionnants et bien fournis, on sent l'intrigue palpable comme dans un roman de Danielle Steel, mais avec plus de roses. Oui c'est possible, oui.
Jusque là passons, car sinon le film aurait duré 5h, et 2h30 c'était déjà trop.

-il est quelle heure là?
-22h30 :/

*une éternité plus tard...

-comment ça 22h40???


Sinon le jeu des acteurs est à saluer car il nous a beaucoup fait rire, à défaut de réfléchir.


-oh, Sophie, attention, le suédois albinos.
-oui je sais, il est derrière le rideau.


La scène la plus délectable reste celle de la collision avec le poids lourd, mais je vous laisse la surprise de l'amusement...

Le rythme du récit est également assez concassé et accéléré, ce qui fait que nous ne retiendrons qu'une seule chose happée au hasard d'une des 3 lignes de dialogue de Robert Langdon: Jésus s'est marié avec Marie (non pas celle-là, l'autre) et ils ont eu un enfant, Hervé. Ou Sarah.

En fait pour résumer, on a un peu l'impression que le réalisateur, au moment de valider les prises, était sur le point d'aller s'envoyer un somptueux Martino et qu'il a été un peu trop indulgent. Ca ira mieux la prochaine fois, c'est à n'en pas douter...


Voilà pourquoi j'ai toujours préféré la Kriek en terrasse aux salles obscures.



Photo: Monsieur Kaël vantant les mérites du Vodkatrain, invention ô combien enchanteresse...