mardi 1 septembre 2009

Too messed up to even mess around.

















Thinkin' bout' tomorrow won't change
The way I feel today.
Matt & Kim - Lessons Learned




Et là c'est un peu comme essayer d'augmenter le volume d'un iPod tout en gardant ses gants : ça ne veut pas. Ça patine dans le vague, les yeux perdus dans l'horizon du trottoir, les points d'interrogation qui s'enchevêtrent, le menton enfoncé dans des couches d'incertitude. Et quand c'est comme ça, ça me lasse.

Alors au lieu de continuer à me lasser tel un 8 couché, j'ai dû trouver un exutoire. Pour chasser le froid en bougeant, en réactivant la circulation et en détournant le regard.

D'abord j'ai pensé à l'écriture mais ça ne fonctionne que par intermittence.
Parfois ça me soigne, temporairement mais ça soulage quand même. Comme une couche de Biafine qui fond bien sur l'épiderme après un gros coup de soleil. Mais qui laisse juste du gras après. Et puis surtout, soyons honnêtes, un truc qui caractérise les vrais écrivains, c'est la régularité et la promptitude à se mettre au boulot pour pondre un truc avec enthousiasme. Donc là, ça coince. C'est aussi beaucoup de remise en question et de crainte de jugement...finalement, où va la détente?
Sans oublier que parfois, les mots m'enfoncent davantage et ça ne soigne plus rien, comme de l'acide jeté sur une plaie qui se creuse petit à petit. Et gentiment, on vire à l'emo.

La lecture? Pareil hein. Les livres me font le même effet que le côté éphémère de l'écriture, mais en décuplé. C'est juste un monde qui se crée l'espace de quelques heures, le monde de quelqu'un d'autre, puis qui s'efface lentement, ne laissant qu'une brume et une vague migraine derrière lui, à force d'avoir lu 5h d'affilée sans décoller. Toujours la même opposition sauvetage/noyade, donc.

La musique... Alors là, j'aurais bien aimé. Mais la vie a fait que non, l'envie (ou plutôt la prise de conscience) n'est venue que trop tard. Et puis mes doigts m'auraient dit merde, mais ça c'est encore autre chose.

Donc il a fallu improviser et trouver quelque chose de faisable, pas trop dévalorisant et qui prend tellement la tête en positif qu'on ne pense plus à rien, juste à bien faire. Histoire de passer à autre chose, un peu comme quand un ami vous déçoit.

Alors à force de toucher à tout sans vraiment m'attacher à quoique ce soit, j'ai fini par trouver, sans vraiment m'en rendre compte, quelque chose qui est devenu une passion, l'air de rien. Qui a pris énormément de place dans ma vie, et dans la maison. Ce truc pas extraordinaire, c'est la cuisine. Quand je fais péter les casseroles et la collection d'épices, une cuillère par-ci, une pincée par-là, plus rien d'autre n'existe. Tout n'est plus que cuisson, marinade, vapeur, assaisonnement.

Mes pensées se perdent dans le malaxage, le découpage, le pliage, le rôtissage.
Les heures s'enchaînent discrètement, dans le râpage, le glaçage, le mixage, l'émondage.
Une fois le produit fini déposé sur le plan de travail, je n'ai presque plus envie de me poser de questions, ma tête est plus légère et mes yeux arrivent à se poser sur les choses avec plus de stabilité.

C'était ça le but.