samedi 15 mai 2010

No bright lights, no big city.























Do you think I'm easy like Bonnie and Clyde?

I know you won't catch me, Mommy's on my side.

Animal Alpha - Catch me





Aujourd'hui j'ai mal, mais bien. Ça m'a attaquée ce matin, au saut du lit, même pas, à l'ouverture des paupières. Et ça c'est vache. Parce que le matin, je n'ai pas les armes pour combattre ce genre d'opportunisme. Mais au final, ça ne change pas grand-chose, car j'ai une cellule "comédie" (un peu comme dans le sketch de Pérusse sur le cerveau) assez bien rodée, qui se met en branle avec une prestance qui m'émerveillerait si elle n'était pas si pathétique.

Le truc qui donne envie de rire parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, sous peine de voir disparaître les composantes de notre plus proche entourage: se plaindre une fois appelle la compassion, se plaindre 15 fois appelle la bave au coin des crocs, les remarques acerbes et les regards en biais, voire en coin. Il y a une certaine logique sous-jacente à ce phénomène: plus tu te tais, plus tu te terres, au mieux les gens pourront se bâtir une image de toi totalement fausse. Mais qui sans aucun doute leur conviendra tellement mieux que la réalité. Ne leur jetons pas la pierre, après tout qui n'a jamais eu envie d'enrober le vrai, de l'enfermer dans un carcan de rectitude et de certitude qui ne sont certainement pas les siennes?

Et ben voilà.

Enfin on ne peut peut-être pas dire ça comme ça, mais je n'ai plus tellement l'habitude d'écrire. Là ça m'écorche, je me sens déplacée, dérangeante et inutile. Souvent l'écriture s'en va, et moi je reste là sans bouger, à dépérir sans moyen de communication, ou d'expiation plutôt. J'ai donc, empilés sur la cage thoracique, les crasses mentales de ces 4 derniers mois. Et j'ai un peu de mal à respirer, cette fois mon stylo me semble tellement lointain. Attendre histoire de le faire mariner un peu, ou courir à sa rencontre? Je crois que finalement la question n'est pas là. Que la question s'est barrée avec le reste de ma tête et que plus rien n'a vraiment d'importance, sans vouloir tomber dans les clichés du genre. Parce que les aiguilles qui transpercent mon corps sont un peu trop présentes pour le moment. Et ça fatigue un peu. Parce que les images sont troubles. Les gens aussi. Dans la rue ces derniers temps, j'entends mon cœur battre plus que je n'entends mes semelles claquer sur le bitume...



samedi 8 mai 2010

See you on the other side.




















Looks at him with eyes in paint blisters
Squeezes music through cheap transistors.
Therapy? - Safe






Toujours eu envie d'écrire dans cet état-là, sans pour autant avoir jamais cédé à la tentation.



En ce moment, je pourrais me décrire comme molle, indolente, totalement indifférente, sans vie, irréaliste, consciente. La vie s'échappe, elle court et danse et tout s'entrechoque pour se désagréger sans même me laisser le temps de desceller l'une de mes paupières. C'est comme si je ne servais plus à rien. D'ailleurs, ai-je jamais servi à quelque chose? Et encore plus casse-gueule : "servir" ça veut dire quoi aux yeux de qui? Alors du coup ma striip de vouloir être utile s'est évanouie. Une bonne chose de faite. Mais vu que j'ai abandonné une partie du futur, il m'a fallu aller plonger les mains dans la boue du passé.

C'est con mais ça fait mal.
Tout est là mais tout est loin derrière. J'ai donc envie d'aller rattraper tous ces gens.
Ceux qui m'ont fait du mal.

Mais ceux qui me tiennent davantage à cœur, c'est ceux que j'ai blessés. Si la somme d'excuses emmagasinables pour les 60 prochaines années (visons...large) pouvait venir se déposer dans une jarre, pièce après pièce, couche après couche, je crois que là, j'arriverais à retrouver le sommeil. Toutes ces excuses, tous ces mots, tous ces gestes fortuits, je les revois, comme en ombre chinoise sur la toile tendue de ma conscience. Si j'avais été assez bizarre étant enfant, j'aurais pris le temps de noter chaque petite chose, chaque baffe, chaque insulte non-méritées. Pour pouvoir ensuite aller leur balancer l'antidote. Un à un, je pourrais leur dire le pourquoi de mes actes totalement dénués de sens à l'époque, mais davantage décryptés aujourd'hui. Je pourrais pleurer, pour toutes les fois où je ne l'ai pas fait, par fausse fierté?... non. Par rien à foutre, oui. Je pourrais aller courir chez chacune de ces personnes, avec un Palm frisant l'apoplexie tant je le solliciterais, puis leur présenter mes excuses. Sincères. Et mes excuses sincères recevraient l'accueil qu'elles recevraient, honnêtement là je me reposerai un peu, le plus gros du boulot sera fait. Si les gens veulent m'envoyer bouler, qu'il en soit ainsi. Si on me propose un verre de vin à la noisette au Goupil, j'accepterai. Enfin j'irai quand même un peu sonder l'atmosphère avant, il paraît qu'épisodiquement ça met mal à l'aise ce bar.
Bref.

Toutes ces excuses. Tu sais, comme quand on doit faire un herbier en primaire, où en gros il y a le marronnier, le noisetier, le frêne et un quatrième quand on a de la chance vu qu'on va TOUS dans le même parc pour ramasser. Des feuilles. Mon herbier serait sensiblement plus vaste, une page avec une idée incrustée dans un beau papier tendre, recouverte d'un papier plus fin, genre kraft ou crépon pour faire arty.

Il me restera juste à essayer de comprendre pourquoi le besoin de s'excuser constamment occupe une telle place dans ma vie : pour faire comme Earl, ou alors pour que les Earl m'imitent et puissent enfin m'apaiser. Cette question me tourne pas mal dans la tête, surtout en ce moment après avoir pris cette petite pastille blanche, obtenue sur ordonnance bien sûr (en matière de médicaments, une loi parmi les autres a à mes yeux plus de poids: plus c'est petit, plus ça déchire le cerveau).

Pour conclure, je crois que jamais je ne me séparerai de ce besoin de m'excuser d'exister, de compter le nombre de "je" dans une phrase et de penser que je ne le mérite pas, d'avoir envie d'aller chez l'ostéo et puis de me dire que vu que c'est pour moi..., de flipper si mes fringues ne sont pas les moins chères possibles: parce que ça doit se mériter une belle chose, de prendre le moins de place possible dans l'espace, dans la tête des gens. En un mot, si je devais mettre une pancarte sur ma chambre d'hôtel, ça serait "Please, I don't want to disturb" ou "Pardon. Pour Tout.".