dimanche 4 septembre 2011

Sixteen tons.


*




She keeps Möet et Chandon, in her pretty cabinet
"Let them eat cake" she says, just like Marie Antoinette.
 Queen - Killer Queen




Quand ta santé commence à merder, tu es en droit de te dire qu'on va te ménager. Te chouchouter. Comme dans les séries américaines, où au moindre chien qui pisse sur un poteau, on vient t'amener un seau d'Haagen Dazs. Tu vas enfin pouvoir relâcher cette pression quotidienne de devoir tenir bon.
Sauf que. 
Sauf que vu que tu es perdu dans la nature avec un nouveau fardeau, pour peu que tu ne sois pas une énorme fleur très bleue, tu apprends à gérer. Et tu t'endurcis. Parce que la douleur ne fait pas uniquement travailler les muscles des mâchoires et des poings, c'eut été trop simple.

Quand les (pas "mes", c'est important) douleurs ont commencé, vers mes 15 ans, je marchais difficilement, restais souvent bloquée en me baissant et devais me faire habiller par ma mère chaque matin. Jamais, AU GRAND JAMAIS, je n'ai raté un jour d'école pour cette saloperie. Ici, tant que tu n'a pas un poumon qui pend par le nez, tu peux pas test. Donc, ça m'a appris à la fermer. Mais bien. Et à épargner les gens, ces créatures innocentes et en bonne santé, stressées à l'avance d'apprendre le nom du mal qui te ronge. Alors je les ai ménagés. Parce que je voyais bien la sale petite lumière qui clignotait dans leurs yeux si l'angoisse montait. Et j'ai menti. Je mens toujours, d'ailleurs.

"Et ça va?" "Mais ouiii"
"Et tes douleurs?" "C'est mieux pour le moment t'inquiète"
"Et tu as quoi?" "Bah rien de précis, à mon avis ce sont juste des douleurs articulaires"
Et tu vois, tu les ménages tellement, qu'à la fin, eux ne te ménagent plus. Tu es le roc à la con de la chanson de Nadiya, tu es le bon vieux sac dans lequel on peut puncher, vu que rien ne t'atteint. Tu es courageux de ne pas t'être auto-mis la tête sous l'oreiller, tu es un battant, bordel. Sauf que non, parce que tu pleures le soir, tes larmes formant des questions existentielles sur les draps. Et malgré tout, tu es rassuré de savoir que les autres ont désormais, grâce à tes mensonges, le cœur plus léger que le tien. 

Les mensonges passent, les années aussi.

Et un jour tu es par terre, et tu n'oses pas crier à quelqu'un de venir te relever...ou peut-être tout simplement parce que tu n'as même plus envie de le faire, si c'est pour devoir minimiser ton cri en recommençant à dédramatiser. 
Bref, je crois que je vais rester assise là encore quelques temps.


* à droite, Gopher de "La Croisière s'amuse"

1 commentaire:

  1. Le train passe. Ne pas rester sur le quai.

    Plus le temps passe, plus ça me parait difficile.

    Ça devrait être le contraire, ça devrait...

    Heu, ouais, je suis pas toujours marrant :-)

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