mardi 13 septembre 2011

Another one bites the dust.







Denis Denis, avec tes yeux si bleus
Denis Denis, moi j'ai flashé à nous deux
 Blondie - Denis






Ce qui est embêtant quand on a mal, c'est qu'on a l'impression de saouler tout le monde. Parce que parfois c'est un peu ou très vrai et, selon la personne qui exprime son ennui, ça peut s'avérer traumatisant.

Petit à petit, claque sur claque, j'ai plus ou moins compris qu'il fallait essayer de prendre le moins de place possible et respirer la joie de vivre autant que possible. Vu qu'en plus je n'avais (et n'ai) même pas de diagnostic approuvé par la fédération, il était encore plus conseillé de la fermer... Mon charmant entourage était donc nimbé d'un doux cocon d'ignorance, pensant de bonne foi qu'il s'agissait simplement d'un lumbago, de douleurs lombaires banales et inintéressantes. J'ai ri, marché, couru, autant que j'ai pu.

Puis un jour, il n'y a pas si longtemps, je n'ai plus pu.

Je n'ai plus pu jouer à tout ça, à faire semblant, à être sans cesse au taquet pour pouvoir détourner la conversation, à retenir un hoquet de douleur ou un spasme. J'ai lamentablement flanché.  Pas par dépression ou lassitude non, même pas. Juste par fatigue physique, épuisement total impossible à cacher. Même avec du roll-on Garnier qui tue. Alors petit à petit, j'ai disparu, fondu. J'évite de répondre aux mails ou au téléphone, parce que c'est quand même pour essayer d'esquiver le "et toi?" ou mentir. Et peut-être que c'est un peu scarifiant de mentir. Du coup j'évite, tout simplement. Ça me fait mal en un sens mais ça épargne l'autre et ça, c'est important. Sinon il tire une gueule jusque par terre, te prédit de longues années atroces et planifie la date de ta mort. J'exagère oui, mais pas tant. Au final, je me retrouve donc souvent à rassurer l'autre en question avec des banalités totalement affligeantes. Dont voici le top 3:

1) "Ça va aller" (level 80 tsé)
2) "Non mais tu sais la médecine fait des progrès"(..."lol")
3) "Et puis bon tu sais, il y a pire" (ce qui ne change absolument rien à la situation et qui te fait te sentir encore plus boulesque)

D'où l'intérêt d'avoir un blog, afin d'éviter toute sensation de poids sur autrui. Et encore. Non en fait pas du tout. Mais c'est toujours mieux que la réalité et au moins je ne force personne à lire de son mauvais gré.

Arrêter de se justifier? Mmmh.


4 commentaires:

  1. Au risque de te vexer.. au fil de tes billets une question existentielle me taraude : comment imagines tu des rapports sains avec ton entourage? en d'autres termes, comment faut il t'aborder sans te vexer ou t'isoler un peu plus? Pas que ça m'agace ou que je te blâme mais je me demande sincèrement au fur et à mesure de mes lectures si tu l'envisages seulement?
    Comprends moi bien, je ne veux pas diminuer ta douleur ou injustifier les peines (in)directes qu'elle t'inflige dans ton rapport à l'Autre. Je me demande sincèrement si tu envisages parfois sereinement le point de vue de l'Autre, ce salopard qui s'obstine à ne pas vouloir te comprendre ?
    Et dissimuler ton mal n'est forcément pas une réponse valable, je pense qu'on en est tous les deux conscients.

    RépondreSupprimer
  2. Tu ne me vexes pas du tout. Je pense sincèrement que c'est quasi impossible d'avoir un rapport "d'égal à égal" avec quelqu'un de "normal" sans être blessée (souvent involontairement). Par ce terme j'entends quelqu'un qui ne sait pas ce qu'est la souffrance permanente. Mais comprends bien que ça ne me dérange pas en fait, j'y suis habituée, je l'accepte. Les comportements que je décris ici sont ceux qui m'ont choquée, mais ils sont ponctuels, le reste du temps est plutôt calme.
    Je comprends justement tout à fait le point de vue de l'autre, et si j'étais lui je ne me prendrais même pas en stop tu sais. J'ai tellement le sentiment de le lourder que je me cache, justement aussi pour ne pas lui faire de mal. Parce que je n'ai pas envie qu'il vive ce que je vis. Fuck yeah empathie hein ;)

    RépondreSupprimer
  3. Si je comprends bien, dans tes relations y'a :
    - celles que tu avortes/biaises en te cachant
    - celles que tu laisses approcher et te blesser (in)volontairement

    mais dans tous les cas tu estimes que tu ne vaux pas la peine...

    Y'a quand même qqchose qui t'échappe je pense : le point de vue positif de l'autre (et, accessoirement, son sentiment.. partagé.. quand tu te replies).

    Je suppose que tu as déjà du essayer de le signaler quand on te blesse involontairement. Et que ça n'a pas marché. Bah. Je suppose qu'il doit y'avoir au moins qqs super humains sur cette planète qui doivent être capable de relever le défi, tu ne penses pas ? :)

    RépondreSupprimer
  4. Effectivement, la vision positive de l'autre est quelque chose que je ne conçois absolument pas :) Si j'essaye d'y penser, ça bug.
    Mais il y a plein de gens très très bien sur terre hein, j'en connais un paquet. C'est juste que les défis, je n'aime vraiment pas ça...

    RépondreSupprimer