samedi 18 avril 2009

Patiently correction leaves us all alone.




















If only I was sure
That my head on the door was a dream
.
The Cure - Close to me



L'autre jour, je lisais, pour une fois, un article un peu intelligent et élégamment intitulé "Language choice in bilingual, cross-cultural interpersonal communication"*. En gros, c'est pourquoi un couple - dont les joueurs ont chacun une langue maternelle différente - va choisir une langue plutôt qu'une autre pour communiquer. Une explication assez fréquente, bien qu'un peu pathétique, est que celui qui n'est pas dans son pays peut "imposer" sa langue, en guise de compensation territoriale. "Je fais l'effort de prendre mes petites pattes pour venir chez toi, alors apprends le mandarin, chéri". C'est gonflé.

J'aime bien.

Ailleurs**, j'ai aussi lu que certaines personnes, lorsqu'elles ne s'exprimaient pas dans leur langue maternelle, pouvaient parfois totalement changer d'opinion. Tout simplement parce qu'elles ne maîtrisaient pas assez le vocabulaire ou la syntaxe de la langue apprise pour exprimer ce qu'elles avaient sur le coeur... C'est dommage quand même, mais ça doit donner l'impression assez étrange de se mentir à soi-même ainsi qu'aux autres, juste pour sauver la face et ne pas (s') avouer qu'on est une tanche en langue. Ou tout simplement qu'on manque un peu de pratique.

Mais c'est vrai qu'à mieux y regarder, quand je parle néerlandais, j'ai tendance à légèrement simplifier...
De "ah oui, ce livre est vraiment terrible, j'ai bien aimé la symbolique et la dimension philosophique du contexte", on passe très vite à "het was leuk". C'est parfois tellement dur de ne pas buter sur les mots que, plutôt que de dire "euuuuh" 12 fois, on préférera édulcorer. Après tout, on n'y tenait pas vraiment à cette opinion : il y en a tellement d'autres qui sont beaucoup plus simples à expulser.

Bref, la communication, fléau des temps modernes s'il en est. Notre charmante société occidentale et contemporaine a d'ailleurs la manie de nous gaver affectueusement de conseils en tout genre, histoire de sauver, au choix : notre couple, notre vie, nos enfants d'une vie atroce sans flots de mots ni déballages affectifs quotidiens.
Même Science et Vie le dit.

Et oui.

On parle du bienfait de la communication, de la panacée de la métacommunication.

Et puis on voit des djeunz dans le métro qui parlent à leurs congénères avec leurs écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, histoire de ne pas perdre une note de leur tas de décibels journaliers. Une histoire de fierté mal placée, probablement liée à Last.fm ou au compteur iTunes mais je m'égare.

Ou tous ces gens qui mettent le son de leur gsm à fond histoire que les autres ne puissent plus s'entendre, ne puissent plus s'échanger que quelques œillades outrées en soupirant bruyamment.

Donc je pense que la relève n'a pas l'air d'être (r)assurée.

En même temps, se comprendre en un coup d'œil plutôt qu'en un jet de mots, c'est parfois pas plus mal. Je crois que l'objectif à atteindre, c'est de ne pas se prendre la tête quand on n'a pas tant de temps que ça à perdre, de ne pas vouloir tout décortiquer. De laisser planer le doute et le mystère de temps en temps. De garder un peu de brut dans le taillé sur mesure.
Ça a un autre charme que de vouloir s'acharner sur de la syntaxe ou du champ lexical...et ne parlons même pas du langage non-verbal, voire pire, de l'analyse des silences. Mais il est vrai qu'il peut parfois être réconfortant de se raccrocher à des termes techniques, à des méthodes bien emportées à la pièce ainsi qu'à des comparaisons, plutôt que de s'attarder sur le côté improvisé, impulsif, émotionnel des choses.

Parfois, tout le reste n'est pas que littérature.


* Ingrid Piller, Hambourg
** oui mais j'ai oublié où.

2 commentaires:

  1. C'est un des mystères qui me frappe chaque fois dans le métro, ces gens qui discutent avec leurs écouteurs respectifs. Il ont l'air d'avoir une véritable conversation suivie. Je ne sais jamais si cette conversation a plus que "l'air" parce que j'ai moi-même mes écouteurs ; mais même réglés au minimum audible, je ne les entends pas.

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  2. Il y a un gros problème avec ce qui est admirablement et succinctement décrit, c'est que quoi qu'on y rajoute, ça fait tache.

    D'un autre côté, c'était autant, quitte à tout de même exprimer mon intérêt (accru) pour ton (we)blog, écrire une bafouille à la suite de celui de tes derniers articles qui me plaisait le plus.

    Tu me pardonneras à cette occasion de faire fi des félicitations creuses : elles ne feraient que simplifier. Un peu comme une autre langue, que je parlerais mal. Vu mon message, tu sauras à quoi t'en tenir.

    Mais j'éviterai de faire tache trop longtemps. Après tout, chacun son tour, dirait Henny (humour douteux inside, mais humour).

    Merci et, surtout, (continue) un bon appétit.

    Je me réjouis de continuer à te lire.

    Bonne route !

    X (oui, moi je peux signer en restant anonyme)

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