mardi 21 avril 2009

A city wall and a trampoline.
















Say "yes"...
At least say "hello".
Metallica - The Memory Remains



Un jour, y'a pas si longtemps que ça, on m'a dit que je parlais trop. Cette phrase anodine a eu pour effet une mutation en 4 temps :

1) J'ai commencé à écrire trop. Les mots ne voulaient pas* s'arrêter de couler. C'est con que ça ne se traduise pas par des couches sur la plume de mon Watterman (oui j'y tiens, f*ck Parker), sinon j'aurais pu la décortiquer comme le tronc d'un vieux chêne et compter les mots comme on compte les années. J'aurais ensuite pu en faire un tableau Excel, afin d'ainsi corréler mois, saisons et humeur avec les mots. Mais alors il aurait fallu utiliser Access pour une efficience accrue, donc finalement c'est bien que les couches restent sur les troncs et dans ma tête**.

2) Ecrire c'est bien. Mais quand mes mains ne tiennent aucun stylo ni ne frappent compulsivement des touches, il a bien fallu trouver une digue réelle à ces débordements locutifs occasionnels. C'est à cette occasion que j'ai appris à enchaîner les "hmm" et les regards en coin, généralement accompagnés d'une moue faussement dubitative : ce n'est pas une marque de désintérêt, c'est juste la concrétisation d'une barrière physique et morale à la digression intempestive. Et je sais qu'on est nombreux à pratiquer cette discipline.

3) Jamais je n'ai autant ruiné d'écouteurs que depuis cette sentence. La musique me permet en effet de fermer ma gueule. Et accessoirement de maintenir mon champ de vision périphérique en perpétuelle activité : marcher dans Bruxelles sans le son, c'est dangereux.
Vu que je ne suis pas la conversation des inconnus autour de moi, cela m'évite également d'avoir envie d'y participer, de devoir me contenir sous peine de faire un bide puis de ressentir le besoin incommensurable de devoir faire part de mes observations à mon entourage après coup.
Tout le monde y gagne, quoi.
Qui plus est, je connais désormais une cinquantaine de chansons par coeur, dans 4 langues, ce qui est inutile dans la vraie vie, mais tellement appréciable quand on joue à Buzz.

4) J'ai maintenant une quasi-admiration pour Mobistar : les 5000 sms gratuits à chaque recharge, c'est plus que vicieux. Mais bon vu que c'est quand même relativement lourd à taper et plus laggant que le langage parlé, ça freine pas mal.
Cependant, toute aide est bonne à prendre.

Si ces conséquences sont bien sûr extrêmement (?) positives, un accident est bien vite arrivé. Un taux d'alcoolémie supérieur à la norme autorisée, un coup de spleen, et bardaf. C'est exactement la même chose lorsque l'on suit un régime et que quelqu'un pose un paquet de frites devant vous : ça foire.

L'autre inconvénient est que je me dis qu'un jour, à force de trop incomplètement contenir les mots, ils vont jaillir de ma zone de Broca tels les trucs Illustrator qui s'échappent des pubs Coca-Cola. Ce jour-là, il sera donc temps de paniquer et d'entamer une retraite.

En attendant ce jour, je vais quand même essayer de trouver les couches, tout compte fait.


* ... et ne veulent toujours pas.
** Pour moi Access est à la joie de vivre ce que la purée d'anchois est à la tarte tatin.

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