vendredi 9 mai 2008

My salt, your sweet.

















I was just sipping on something sweet
I don’t need political process.
The Killers and Lou Reed - Tranquilize




Voilà encore un bout d'histoire, mais avec un autre personnage. Ca ne ressemble toujours à rien, je doute d'y parvenir un jour mais ça m'amuse quand même, que voulez-vous...


" Ce jour-là j'avais voulu dormir. Sombrer dans l'abîme pour oublier qu'en fait il n'y a rien à oublier, que tout est dans ma tête et que tout le monde s'en fout. A juste titre. J'ai voulu dormir, donc. Mais tu as déboulé dans la chambre avec un rictus collé sur la tronche, "fais gaffe, y'a un pompier". J'ai pas tout de suite saisi. Et puis je l'ai vu qui te suivait, maculant le lino déjà pas propre de sombres marques de boue tout en se dirigeant vers la fenêtre. Par laquelle il est passé et n'a pas daigné revenir, fin de l'interlude sauvetage. Je ne me suis pas attardé à ce genre de détail, me contentant de rester la bouche entrouverte à peine quelques secondes. Ces derniers temps, il y avait largement plus bizarre. J'ai secoué la tête puis tourné les yeux vers le réveil. Bordel, 5h40! Fallait que je mette les voiles dans 20 min pour tracer au boulot.
Ni une ni deux, la rame de métro s'amène. Pas envie de voir les gens, pas envie de sentir leur regard couler sur moi comme des mains de pickpocket indélicat. Alors je me roule en boule entre deux carrés de sièges, pour 10 min ça fera l'affaire. C'est là qu'elle crie "ON DESCEEEEND!!!" à une ribambelle de petits crétins en short. J'ai une vue imprenable sur ses mollets et le sang coule le long de ses jambes, venant dessiner de sombres anneaux rouges sur le bord de ses socquettes à la con. Mais je ne dis rien, chacun sa croix. Par contre son "on descend" me fait bien plus d'effet. Je crois que c'est ce jour-là que j'ai tout lâché. On y reviendra après, la journée continue. Le truc c'est qu'il faut maintenant me dérouler (ce qui est un peu synonyme de perdre la boule dans mon esprit tordu), tout ça pour me retrouver une énième fois à fouler le bitume pendant que tout le monde pionce encore. Comme un conquérant mais en terrain déjà conquis par ses ancêtres. Au rythme de ce qui se déverse dans mon crâne via mes écouteurs, comme toujours. La pluie me gifle avec intensité et régularité. Si c'est une goutte par connerie, ça fait un sacré palmarès.
Et merde, c'est déjà là.
Je pénètre dans le bâtiment suivant la même routine déjà installée depuis 2 ans. Porte blindée qu'-on-se-demande-pourquoi, badge râpé, la totale. L'uniforme vient me coller à la peau comme une sentence injustement méritée. Vite, rejoindre mon refuge. Maintenant. C'est con à dire, mais cet endroit c'est un peu le poumon de mon cœur. Quand mon sternum se resserre, quand ma respiration s'accélère et que les larmes remontent d'on ne sait où, je pense à lui. Je suis le seul loser qui pense à son bureau quand il a un coup de blues. Faut dire que c'est pas vraiment un bureau... Des tonnes de poussière, des troupeaux de moutons indisciplinés, une odeur de trucs vintage. C'est parti. Ici, tout est en trompe-l'œil. Livres, ordinateurs portables, fleurs. Nourriture, cartes écrites à la main, cadres photos. FAKE. Le but étant de reconstruire la vie de gens qui n'ont jamais existé, mais qui, s'ils avaient existé, auraient été parfaits. Souriants, modernes, dynamiques, propres sur eux et dans leur maison. Ces choses ont l'air d'avoir vécu mais en fait non. On dirait que tout est patiné par le quotidien, écorné juste comme il faut. On a d'ailleurs un très bon verni pour se la jouer "j'en ai connu des trucs". Pour cacher le neuf, dissimuler l'absence de passé. Ici, tout n'est que mensonge... "

A suivre?


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