mardi 6 avril 2010

Get yourself a car.
















Every seed that I do sow, harvest time and nothing's grown
Coffee's cold and I've been sold for half a dollar bill.
Abigail Washburn - Coffee's cold




Ça fait longtemps, mais bon.

Depuis quelques mois, je me sens suisse. Je n'ai d'avis sur rien ni personne, juste envie que "ça" passe et qu'on m'oublie, bien tranquillement, qu'on me range dans un coin et qu'on ne fasse même pas exprès de ne plus se souvenir où on m'avait posée. Mais qu'on m'oublie vraiment.
Et puis qu'on arrête de me parler. Qu'on arrête d'essayer de m'adresser la parole une fois sur le bitume, alors que mes écouteurs blancs tranchent bien avec ma kératine noire (peut-être même que c'est fait exprès, on ne saura jamais) : les écouteurs, c'est un peu le panneau "do not disturb" de l'être humain. Il faut croire que ça fonctionne moins bien, nettement moins bien.

Le problème, c'est de définir le "ça" qui doit passer. Est-ce que c'est un mot-valise, où on met tout ce dont on a envie, comme dans l'un de ces affreux sacs Chanel Cocoon*, où est-ce qu'on compartimente, un peu comme dans ces boîtes à trucs qui me fascinaient quand j'étais gosse. Question sans fin ni fond, vu que je ne vais rien en faire. Non pas que ça soit vain, mais ce n'est juste pas le moment. Tout glisse, tout finit par s'en aller, et la boule est revenue se nicher au creux de mon putain de sternum. Mais en plus fluide, en plus malléable. Donc ça va?

Surtout ne pas sortir, surtout ne pas boire, ne pas rencontrer de gens, ne pas y croire. Mais que les choses soient claires, je ne me sens pas mal. Je me sens juste rien. Sans déprimer, sans pleurer, sans penser. Juste du vide. Plein de vide, qui emplit mes pensées jusqu'à mes paupières. C'est limite confortable, comme un énorme édredon dont on n'a même pas envie de connaître la taille, tout simplement parce qu'on s'en fout : on est bien, là, tout de suite et c'est ce qui compte. Le reste n'est que...

Je crois que j'ai juste envie de partir, comme dans un bon vieux cliché. Pour me noyer dans une nouvelle culture, dans de nouveaux gens que je n'ai pas encore croisés dans la rue sans les connaître. Apprendre de nouveaux gestes, de nouvelles routines lassantes mais marrantes. Avoir une nouvelle carte d'identité pour faire semblant d'avoir vraiment changé. Faire comme si de rien n'était et arrêter de bouger les jambes dans tous les sens. Parce que le faire en restant assise, ça ne sert à rien, un peu comme maintenant.
Bordel, être loin, pouvoir faire croire aux gens que je suis lisse comme un galet standard, poli par le roulis des vagues mêlées au pétrole de l'Erika, plutôt qu'un galet-concept, érodé par des années de conneries et de non-dits. J'ai simplement faim de rien, même plus envie de me poser des questions interminables, parce que je crois avoir trouvé la réponse. Et qu'elle n'est pas plus rigolote que ça. Mais ça ne compte pas.

En attendant, je vais fermer les yeux, parce qu'il le faut bien.



* et ben ouais, en plus d'avoir un côté geek, un Maïté, un pseudo-punko-nihiliste et un bouffeurdelivrepouroublierquerien, j'ai aussi un côté fashion-pouffe, n'en déplaise à personne.

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