Let's go and throw
All the songs we know...
The Cure - Love Cats
Bordel, je ris. Ca va faire 4h que je ris. Juste comme ça, par envie. Par décision, plutôt.
Ça doit venir du fait que d'habitude j'encaisse, avec élégance et décontraction. Et ulcère.
Mais j'encaisse.
Sauf qu'aujourd'hui pas.
Mes nerfs frisent, mes synapses crépitent et ma rate fait des jumping jacks.
Ça me donne le même bête sourire que lors des soirées où on est sur le point de trop boire et que la brume n'a pas encore tout à fait envahi le cerveau. La même brume qui se transformera le lendemain matin en brouillard puis en névé bien dense sur l'estomac, obstruant les sinus et incitant aux regrets et serments de sevrage les plus divers. Mais ça c'est un autre problème.
Ici, ça reste léger.
C'est un peu comme si toutes les fenêtres s'ouvraient au même moment pour orchestrer le plus spontané des courants d'air.
Tout ça parce que c'est trop. Mais c'est une race de "trop" bien particulière.
Par exemple, il ne s'agit pas de remettre en question le droit d'en revendiquer toujours plus, de s'interdire la lassitude. Un peu comme si on allait regarder la carte d'un resto en sortant à peine de table. Histoire de ne pas gâcher une opportunité, de ne pas passer à côté de quelque chose de plus somptueux. Parce qu'on ne sait jamais.
Non.
Le "trop" dont il est question aujourd'hui est né du fait que je crois que l'on ne tolère jamais tout. Même si on a envie d'y croire.
C'est d'ailleurs encore pire quand on se force à avoir la patience et l'endurance d'un autre en prime car ça ne se lève pas au carré ces choses-là.
On a beau dire mais il y a un moment où on ramasse. On se planque pendant des jours, des mois puis on s'aperçoit qu'on a mordu l'intérieur de nos joues et le bout de nos doigts à sang. Que l'on a de plus en plus de tics nerveux et qu'on sursaute quand quelqu'un nous parle. En fait ça serait bien d'accepter mais si possible sans devoir ravaler son cœur.
Le problème, c'est que souvent, la vie est un peu comme un mec en slim : pas comme elle devrait être. Un coup de couteau dans un contrat imaginaire, une trahison.
J'aime bien Montaigne et sa conception de l'amitié.
"Parce que c'était lui, parce que c'était moi". C'est bien résumé.
Sauf que si l'on part du principe que l'on n'existe qu'en fonction de l'autre et par mécanisme d'empathie, par volonté de s'éviter un bide, c'est un peu du flan parce que ça voudrait dire qu'il y a une variété infinie de "lui" et de "moi". Ce qui est certes vrai mais en partie seulement, du moins à mon avis. Enfin j'espère que l'on garde quand même une part d'intégrité indépendante de toute interaction sociale. Quoique.
Ça voudrait dire que l'on ment et que l'on se ment toujours un peu, vu qu'il faut s'adapter à l'autre et qu'a fortiori on empêche notre véritable nature de s'exprimer à 100%. Parce que ça existe ce mode de communication?
BREF, on ne va pas chipoter.
Le côté positif c'est que ça laisse un panel de possibilités assez intéressantes d'un point de vue imaginaire. Vu ce que ça détruit dans la réalité, ça peut bien me direz-vous.
Parce que ça veut surtout dire que l'on ne sait jamais ce que ça aurait pu donner si l'on avait changé l'un des deux termes.
Et ça, j'aime bien.
Dans ma tête, ça se traduit par le fait qu'on a le droit de rêver à l'improbable.
C'est cette conception de la vie qui me donne envie d'écrire des trucs romantiques à pronostic réversible et de pouvoir encore avoir les tripes de m'indigner de quelque chose.
Ça me donne envie de démultiplier mes souvenirs et valeurs en les modifiant, comme un kaléidoscope un peu taré...même si une partie de ma conscience me hurle délicatement d'arrêter de vivre dans un autre monde.
Peut-être qu'un jour?
Non?
Photo : "The Double Eye" d'Olafur Eliasson qui est danois bien qu'il ait passé son enfance en Islande et ça c'est beau.
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