jeudi 7 février 2008

Run away ... and give me your sneakers.



















I met a strange lady : she made me nervous
She took me in and gave me breakfast.
Men at Work - Land down under




Les larmes tombent dans mon café. J'avais espéré une quelconque réaction chimique miraculeuse, une pluie de paillettes ou une intervention divine pour éponger cette exubérance lacrymale, mais non.

Encore une preuve que chialer est vain, vu que même le café n'en a rien à foutre, alors qu'il devrait se sentir un minimum concerné vu que c'est le premier à nous voir moches et gonflés le matin.

Encore l'impression de ne pas être à ma place, mais cette fois-ci ça m'a l'air réel d'un point de vue presque propre vu que j'ai vraiment l'impression de m'être trompée de local, voire de dimension. L'espace d'un court instant, j'ai eu envie d'aborder l'une des 180 filles présentes (fac de philo, est-il besoin de le rappeler?) pour lui demander si ce local fleurant le plomb était bien le bon, mais elle n'avait pas l'air gentille. Pour tout avouer elle me regardait comme si j'étais Sartre régurgitant des pompons au lieu de n'avoir qu'un banal haut-le-coeur. C'était elle ou ce jeune premier qui m'exaspère avec sa coupe à la "Comment vont tes stock options?"...

Tant pis, c'est un risque à prendre.
Théoriquement, il devrait s'agir de communication d'entreprise, mais si c'est "Diégétique structurale des nombres premiers en exégèse", ça ira très bien, après tout on n'a que ce que l'on mérite. Un peu comme quand on demande un jambon de Parme-mozzarella et qu'on se ramasse un thon arménien aux pruneaux.
Pas le temps d'esquisser un sourire condescendant que le prof a déjà son micro-cravate, je dois donc interrompre Andy qui me hurlait "Hey lil girl, wanna go for a ride?" dans les oreilles. Diane attendra. La vie attendra.


En m'inscrivant à l'ULB, j'avais cru qu'il serait facile de rencontrer des gens dans cette somptueuse réserve naturelle. 20000 têtes pour ce cheptel indiscipliné mais pluridisciplinaire, un flot de paroles intarissables en théorie. Effectivement, on se rencontre. On discute 2h histoire de faire passer le temps. On se quitte en rigolant puis on se rend compte que l'on ne connaît même pas le prénom de l'autre. Mais ça a tout de même quelque chose de grisant de passer aussi inaperçu, de n'être qu'un objet de socialisation, un outil, un passe-temps. La quintessence du Rubik's Cube communicationnel a pris ses quartiers à l'ULB, et ce n'est pas un postulat. Si un visage ne vous plaît pas, il suffit de tourner l'un des éléments du cube : en gros, on se retourne et on tente d'aviser un personnage un brin plus avenant. Tout en sachant que les couleurs ne s'assembleront jamais parfaitement : on balance une vanne puis on se casse. Une couleur sur une pièce, un étudiant sur une chaise : même combat. Il faudrait que j'arrête de penser à ça, après tout il n'est question ici que de CRM et de décentralisation sélective, rien de bien méchant, somme toute.

Tandis qu'on nous assène que "On ne badine pas avec les OPA" et que "Outsourcer, c'est la clé", je me dis que reboire un café serait divin...

Comme ça, la boucle sera bouclée.


3 commentaires:

  1. Toi t'a fais un mauvais rêve sur les "single-serving friends"

    Alors je veux bien que ce cher Edward avait probablement raison et que son insomnie n'était pas une des raisons de sa divagation sur les copies d'une copie d'une copie et sur les petites barres de savon à un usage...




    Mais n'oublie pas qu'à coté des portions "single-serving", y a les "all-you-can-eat Buffet friends"...

    Et ça c'est comme les sushi à volonté...on s'en lasse jamais!



    Accroche toi à ton café chou, Francis is coming home!

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  2. "La quintessence du Rubik's Cube"

    Ok, la référence au rubik's Cube, ça c'est fait (et de façon plutôt magistrale)


    et sinon oui, pour ton postulat sur les köttbullar, il était totalement relevant, unfortunately.

    Tu m'en veux?

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  3. Hey miss!

    Je vois avec surprise, étonnement mais avec un certain soulagement, il faut le dire, que je ne suis pas la seule à être sensible à cette sorte de solitude à l'ULB.
    En deux ans, que me restera-t-il finalement? Des visages et quelques phrases échangées...

    Courage à toi!

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